Mobilisation des connaissances dans les projets de recherche appliquée du KIX : Activités et résultats

Par: Simon Hearn,Serhiy Kovalchuk Posted: 23 juin 2023

Dans cette série de blogues, nous mettons en lumière les leçons tirées des projets de recherche appliquée sur le positionnement des données probantes en vue de leur utilisation pour la mobilisation des connaissances dans le cadre du Programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE). Consultez les autres blogues de cette série ici.

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Source: GPE/Kelley Lynch

La mobilisation efficace des connaissances est une composante nécessaire d’une recherche pour le développement de haute qualité (CRDI, 2022). Elle augmente la probabilité que les parties prenantes concernées utilisent la recherche, renforçant ainsi ses répercussions sur la politique, la pratique et les populations ciblées. Il existe de nombreux cadres et approches différents de la mobilisation des connaissances dans les pays du Sud (Carden, 2009; Georgalakis, 2022; Mendizabal, 2022). Pourtant, la manière dont la mobilisation des connaissances est mise en œuvre dans la pratique, ce qu’elle implique aux différents stades des projets de recherche appliquée et les types de résultats que l’on peut attendre à chaque étape ne sont pas toujours clairs.

Cet article de blogue cherche à mettre en lumière ce sujet en analysant les données de suivi des projets de recherche appliquée qui font partie du Programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), une entreprise conjointe avec le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada. Ces projets mènent des recherches visant à renforcer les répercussions des innovations afin de répondre aux priorités des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (PFR-PRI) en matière d’éducation.

Dans l’ensemble, les données de suivi montrent que cinq stratégies clés de mobilisation des connaissances ont contribué aux résultats des projets, ce qui, dans ce cas, signifie soit une approbation initiale des activités du projet, soit l’adoption des résultats de la recherche ou de l’innovation par les parties prenantes concernées. Ces stratégies comprennent l’investissement dans l’établissement de relations au début de la recherche et tout au long de sa mise en œuvre; l’implication des parties prenantes concernées dans la mise en œuvre du projet; l’échange de connaissances et la coordination entre les parties prenantes; l’élaboration de produits de connaissances adaptés aux besoins des parties prenantes; et l’utilisation de fenêtres d’occasions comme la planification du secteur de l’éducation, les processus de réforme et la pandémie de COVID-19 afin de faciliter l’adoption des résultats de la recherche et de l’innovation.

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Des activités de mobilisation des connaissances axées sur l’offre à celles axées sur la demande

Les données de suivi révèlent que les activités de mobilisation des connaissances des projets de recherche appliquée du KIX se répartissent en six grandes catégories : la communication de la recherche; l’établissement de relations; l’échange de connaissances; le renforcement de la capacité pour utiliser la recherche, les preuves et les données; la cocréation avec les parties prenantes; et le développement de produits de connaissances ciblés. Elles ont également révélé que, dans de nombreux projets, il y a une progression générale des activités de diffusion et de l’offre vers des activités davantage collaboratives et axées sur la demande au cours du cycle du projet.

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Les activités du côté de l’offre peuvent être classées dans la catégorie de la communication de la recherche. Il s’agit notamment d’accueillir des événements afin de présenter les objectifs, la conception ou les résultats de projets de recherche, ou de participer à des événements comme des tables rondes ou des conférences organisées par un autre groupe. Il s’agit généralement d’événements ponctuels où la communication circule principalement dans une seule direction, des chercheures et chercheurs aux parties prenantes du projet ou à un public plus large. Ces activités peuvent avoir lieu à différents stades du projet. Si les premiers événements sont axés sur la présentation des objectifs et de la conception de la recherche dans le but d’obtenir un projet, les événements ultérieurs se concentrent souvent sur la communication des résultats préliminaires et finaux.

Viennent ensuite les activités visant à établir des relations. Bien que ces activités aient tendance à intervenir plus tôt dans le cycle du projet que les activités de communication de la recherche, elles impliquent une mobilisation davantage collaborative avec les parties prenantes. Il peut s’agir d’introduire ou de lancer une recherche avec des parties prenantes nationaux ou locaux, d’explorer les possibilités de collaboration et de planifier des activités de recherche avec les parties prenantes concernées. Avant de se mobiliser dans l’établissement de relations, de nombreux projets procèdent à une cartographie des parties prenantes. Au fur et à mesure de l’avancement des projets, certains peuvent avoir besoin de rétablir des relations en raison de changements dans la direction de l’éducation, d’un manque de mobilisation de la part des parties prenantes initialement cernées ou de l’émergence de nouvelles parties prenantes pertinentes.

La catégorie suivante est l’échange de connaissances, qui permet la discussion et la collaboration entre plusieurs parties prenantes au moyen de tables rondes, de communautés de pratique ou de groupes de travail techniques. Les projets organisent généralement des tables rondes réunissant plusieurs parties prenantes afin de présenter et d’échanger des idées et de solliciter des commentaires au sujet de la conception de la recherche, de l’adaptation des innovations à de nouveaux contextes ou de l’analyse des données collectées ou des projets d’extrants. Contrairement aux tables rondes, les communautés de pratique et les groupes de travail techniques impliquent les personnes participantes de manière continue; ils sont généralement mis en place au début du projet et ont tendance à inclure de hauts fonctionnaires de l’éducation qui agissent en tant que personnes championnes du projet. Leur objectif est d’offrir un espace aux diverses parties prenantes afin d’échanger des points de vue et des connaissances, de contextualiser les résultats et de créer un sentiment d’appropriation de la recherche. L’échange de connaissances comprend également la validation des résultats préliminaires ou finaux auprès de groupes de personnes participantes ou de personnes utilisatrices potentielles de la recherche.

Les activités menées à la demande et en collaboration comprennent le renforcement des capacités d’utilisation de la recherche et de l’innovation et la cocréation de la recherche et de la politique avec les homologues. Le renforcement des capacités implique l’organisation d’activités visant à améliorer les connaissances et la capacité des personnes à appliquer les résultats de la recherche dans les processus éducatifs comme la planification du secteur de l’éducation ou l’intégration d’une innovation dans un système éducatif. Les projets proposent des activités de renforcement des capacités dans le cadre de leur conception initiale ou en réponse aux demandes des parties prenantes de l’éducation. La cocréation implique que les chercheures et chercheurs et les parties prenantes concernées par le projet travaillent côte à côte à l’égard de la conception de la recherche, de la collecte et l’analyse des données, et de l’utilisation des résultats afin d’informer les politiques et les pratiques. La cocréation peut également comprendre la collaboration avec les parties prenantes concernées afin d’adapter et de contextualiser une innovation.

L’élaboration de produits de connaissance ciblés couvre l’échange de connaissances, le renforcement de la capacité pour utiliser la recherche, les preuves et les données, ainsi que la cocréation de la recherche et de la politique avec les homologues. Ces produits peuvent comprendre des informations personnalisées sur les activités et les innovations du projet en réponse aux demandes des parties prenantes du projet, ou des guides et des outils destinés à faciliter le renforcement des capacités des parties prenantes. Ils peuvent également inclure des extrants avec des éléments probants qui répondent aux besoins particuliers des parties prenantes, comme les défis politiques en matière d’éducation. Ces extrants sont souvent élaborés en étroite collaboration avec les parties prenantes.

De l’approbation de la recherche à l’utilisation des données probantes et de l’innovation

Les activités susmentionnées ont contribué à un large éventail de résultats immédiats et substantiels. Les résultats immédiats comprennent les parties prenantes de l’éducation nationale, les gouvernements locaux ou les agences de mise en œuvre qui approuvent les projets et leurs activités. La plupart des projets ont pu obtenir ces résultats dès le début de leurs activités à la suite d’activités de communication de la recherche et de l’établissement de relations : les autorités éducatives ont souvent exprimé leur soutien au projet, montrant leur enthousiasme pour l’utilisation des résultats et de l’innovation à l’avenir et leur soutien à la mise en œuvre d’activités de recherche.

Les résultats plus substantiels comprennent l’inscription par les parties prenantes de l’éducation de questions clés au programme en vue d’une délibération plus approfondie ou l’introduction et l’élaboration de nouvelles politiques fondées sur les résultats de la recherche. Il s’agit également de gouvernements ou d’organismes de mise en œuvre qui s’engagent à mettre à l’échelle les innovations après leur expérimentation réussie ou à apporter des changements aux programmes et processus éducatifs sur la base de données probantes et de recommandations. Ces résultats interviennent généralement à un stade ultérieur, une fois que les projets ont produit des résultats. Cependant, les conclusions ne contribuent pas à elles seules aux résultats, qui sont obtenus par une combinaison de conclusions, d’activités de mobilisation des connaissances et de fenêtres d’occasions.

L’expérience des projets de recherche appliquée du KIX révèle que la mobilisation des connaissances est un processus complexe. Elle prend différentes formes et aboutit à des résultats distincts à différents stades du projet. Ces projets ont également montré qu’il n’existe pas de solution miracle à la mobilisation des connaissances. Afin de positionner efficacement la recherche en vue de son utilisation dans la politique et la pratique de l’éducation, il faut combiner différentes stratégies, employées au moyen d’approches dynamiques et adaptatives à chaque étape de la recherche.

Parallèlement à cette analyse des données de suivi, les blogues de cette série détaillent les expériences de mobilisation des connaissances des projets individuels et apportent un éclairage supplémentaire sur la façon dont elle se présente dans la pratique et sur ce qu’elle implique à différentes étapes du projet. La CAMFED (Campagne pour l’éducation des femmes en Afrique) nous renseigne sur les comités consultatifs de mise à l’échelle, World Vision sur la cartographie des parties prenantes et les processus de mobilisation des connaissances à l’échelle communautaire et nationale, l’Université d’Oslo sur la recherche-action avec les personnes participantes au projet en tant que forme de cocréation et l’Institut Tata des sciences sociales sur la mobilisation des connaissances auprès de multiples parties prenantes.