La mobilisation des connaissances ne relève pas uniquement de la responsabilité des chercheures et chercheurs. Il s’agit d’un effort collectif impliquant différentes parties prenantes, notamment des institutions, des organisations, des décisionnaires politiques et, en particulier dans le contexte de notre projet de recherche, des membres de la communauté. La mobilisation des connaissances à l’échelle de la communauté a été la clé de certaines des répercussions les plus importantes de notre projet, y compris la participation à des discussions à l’échelle nationale au Ghana au sujet de l’alphabétisation et de l’apprentissage des enfants. Le fait que différentes parties prenantes travaillent ensemble et partagent efficacement leurs connaissances à l’échelle de la communauté a facilité la mobilisation des connaissances à l’échelle nationale, ce qui nous a permis d’accroître la portée et les répercussions de nos recherches.
Le projet Améliorer l’alphabétisation des enfants grâce au soutien de réseaux communautaires fait partie du portefeuille de recherche appliquée du Programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), une entreprise conjointe avec le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada. Ce projet vérifie la façon dont le modèle Unlock Literacy (UL) permet une approche holistique des compétences de base en lecture et en écriture pour les élèves vulnérables des premières années d’études au Honduras, au Nicaragua et au Ghana. Il est soutenu par un consortium de praticiennes et de praticiens, ainsi que de partenaires universitaires. En tant que groupe de chercheures et chercheurs et de praticiennes et praticiens travaillant dans le domaine de la recherche appliquée, l’un de nos principaux objectifs est de veiller à ce que nos résultats et nos recommandations aient des répercussions importantes au-delà du monde universitaire et soient utilisés afin d’influencer les politiques et les pratiques en vue de mettre à l’échelle l’intervention communautaire en matière d’alphabétisation à de nouvelles communautés et à de nouveaux pays.
Passer de la connaissance à l’action
Les processus de mobilisation des connaissances (MC) dans la recherche appliquée peuvent s’avérer difficiles, d’autant plus lorsque le projet se déroule dans trois pays avec des facteurs contextuels fort différents qui influencent la manière dont les connaissances sont créées, consultées, échangées et utilisées. Pour y remédier, nous avons mené un solide processus de cartographie des parties prenantes afin de réfléchir à la manière dont, dans tous les pays, le processus de mobilisation des connaissances peut tirer parti, renforcer et établir des relations avec les principales parties prenantes. Ce processus était essentiel afin d’aider l’équipe à adapter les efforts et les outils utilisés en vue de diffuser les résultats en fonction des divers besoins et priorités des personnes utilisatrices ciblées de notre recherche. Une série de questions, adoptées, personnalisées et adaptées à partir de la trousse d’outils pour la mobilisation des savoirs du Centre d’excellence de l’Ontario en santé mentale des enfants et des adolescents, a guidé le processus comme indiqué dans l’image 1 ci-dessous.
À l’échelle communautaire, notre stratégie de MC reconnaît que l’autonomisation des communautés au moyen de la mobilisation des connaissances peut avoir des répercussions positives sur les taux d’alphabétisation et le développement global de la communauté. Parallèlement au processus de collecte des données, nous nous sommes efforcés de présenter les résultats de notre recherche de manière attrayante et accessible. Pour ce faire, nous avons intégré à notre processus de collecte de données des réunions au cours desquelles nous avons pu discuter et valider les résultats avec les principaux partenaires de la mise en œuvre, comme les chefs religieux, les mères, les personnes soignantes, les membres des conseils scolaires et des conseils de l’eau, les enfants, le personnel enseignant et les directions d’école.
L’importance de la participation communautaire a été reconnue à l’échelle nationale, où nous avons élaboré une série d’ateliers de renforcement des capacités pour les volontaires communautaires au Ghana, au Honduras et au Nicaragua. Différents outils et produits ont été élaborés afin de permettre aux partenaires d’appréhender les complexités de leurs contextes locaux et d’instaurer la confiance et des relations avec les diverses parties prenantes. Les exemples comprennent une forte présence en ligne afin de diffuser notre recherche et de s’impliquer auprès de différents publics, comme nos produits et ressources de recherche en libre accès et notre page d’accueil au Nicaragua; des dialogues nationaux avec les ministères de l’Éducation dans les trois pays; des réunions avec des agences sous-sectorielles au Ghana; des conférences avec les pôles de connaissances régionaux KIX dans les trois pays; et la publication d’articles dans les principaux journaux au Honduras.
Nous avons rencontré quelques difficultés en cours de route. L’une des plus grandes difficultés a été de déterminer exactement les résultats à mesurer lorsqu’il s’agit de mobiliser les connaissances et de s’assurer que nos recherches influencent la mise à l’échelle du modèle UL. Bien que nous ayons déjà enregistré des succès au Ghana, où l’organisme World Vision a été reconnu lors de discussions à l’échelle nationale sur l’alphabétisation et l’apprentissage des enfants comme un organisme local expert prêt à adopter une approche d’alphabétisation en langue maternelle, il reste encore un long chemin à parcourir. Nous reconnaissons que les répercussions des efforts en matière de mobilisation des connaissances peuvent ne pas être immédiates, et qu’il faudra peut-être du temps pour que nos résultats soient reprises afin de faciliter la mise à l’échelle.
Un autre défi a consisté à répondre simultanément aux exigences de la mobilisation des connaissances et des processus de recherche, tant du point de vue du temps que du budget. Une stratégie d’atténuation potentielle consiste à allouer un budget particulier et à désigner une personne spécialiste de la gestion des connaissances dès le stade de la conception de la recherche.
Ce que nous avons appris et ce qui nous attend
Dans l’ensemble, nos expériences au Ghana, au Honduras et au Nicaragua nous ont appris que la mobilisation des connaissances est un processus complexe et continu qui nécessite une approche créative et souple. En travaillant en étroite collaboration avec les différentes parties prenantes, en établissant des relations et en utilisant une série de canaux de communication différents, nous avons pu nous assurer que notre recherche entraînait des répercussions importantes et contribuait à la mise à l’échelle potentielle des composantes de l’alphabétisation communautaire du modèle UL. Par exemple, les résultats ont influencé l’amélioration du modèle UL au moyen d’un processus de réorganisation à l’échelle de l’organisation qui a renforcé les composantes relatives au genre et à l’inclusion ainsi qu’à l’approche communautaire. Il est également important de noter que dans les trois pays, nous avons constaté que les approches actives, collaboratives et interactives avec les principaux partenaires locaux ont été cruciales. Nous espérons que nos expériences dans ces trois domaines pourront servir de guide utile à d’autres chercheures et chercheurs travaillant dans le domaine de la recherche appliquée semblable à ce projet.
