Chercheures, chercheurs et décisionnaires de l’Afrique échangent leurs points de vue à l’occasion du Symposium continental sur la recherche en éducation

Par: Yvonne Risper Mboya Posted: 23 janvier 2024
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Source: KIX Afrique 21

Le deuxième Symposium continental sur la recherche en éducation a réuni plus de 280 décisionnaires, chercheures et chercheurs et praticiennes et praticiens de l’éducation de toute l’Afrique. Organisé du 3 au 5 octobre 2023 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, avec une participation en personne et en ligne, l’événement comprenait des séances plénières, des panels, des séances en petits groupes, des discussions de synthèse et des présentations d’affiches, donnant la priorité à l’équité et à l’inclusion du genre, conformément aux objectifs du programme Partage de connaissances et d’innovations du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE KIX). Ce blogue résume les principales conclusions et recommandations issues du symposium.

Des chercheures et chercheurs, des décisionnaires politiques et des praticiennes et praticiens, des personnes représentantes des ministères de l’Éducation, des universités, des organisations de la société civile et des organisations multinationales de plus de 40 pays du Pôle Afrique 19 du KIX et du Pôle Afrique 21 du KIX, ont exploré le thème « Renforcer la production et l’analyse de données pour des systèmes éducatifs résilients, inclusifs et plus performants en Afrique subsaharienne ». Pendant trois jours, ces personnes ont discuté des innovations en matière de production et d’utilisation des données, des recommandations politiques, des stratégies de communication et des moyens d’améliorer les processus de données.

Au cours des séances de réflexion organisées le troisième et dernier jour, les chercheures et chercheurs, ainsi que les praticiennes et praticiens se sont mis d’accord sur plusieurs recommandations politiques clés basées sur les données probantes présentées lors du symposium. Leurs réflexions et leurs recommandations aux parties prenantes politiques sont présentées ci-dessous :

Perspectives et recommandations des chercheures et chercheurs

Collecte de données et accessibilité aux données

  • Élaborer une approche coordonnée de la collecte de données et d’accessibilité aux données entre les pays. Il s’agit de données générées par les gouvernements, les chercheures et chercheurs et les think tanks internationaux. En harmonisant la collecte des données et en garantissant leur cohérence, leur précision, leur caractère opportun et leur accessibilité, les décisionnaires politiques peuvent disposer d’informations fiables en vue de prendre des décisions.
  • Améliorer les données des gouvernements en fournissant des informations plus détaillées et plus précises pour évaluer l’affectation des ressources. Des données de qualité permettent aux décisionnaires politiques de prendre des décisions éclairées et d’allouer les ressources de manière efficace.
  • Créer un répertoire permettant d’accéder facilement aux données mutualisées par les pays ainsi que par les chercheures et chercheurs est essentielle pour favoriser l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. Envisager la création d’un dépôt d’archives en libre accès basé en Afrique afin de pérenniser les connaissances et l’apprentissage au-delà du KIX.

Collaboration, recherche et innovation

  • Favoriser la collaboration et les réunions fructueuses entre les universités et les gouvernements. Cette démarche est essentielle pour éliminer les cloisonnements et garantir une mise en œuvre efficace des résultats de la recherche. Les ministères négligent souvent l’importance des chercheures et chercheurs dans l’élaboration des politiques, mais ensemble, ces parties prenantes peuvent stimuler l’innovation et améliorer les systèmes éducatifs en mutualisant et en utilisant les résultats de la recherche.
  • Allouer des fonds à la recherche, y compris des bourses et des subventions. Cela est essentiel pour encourager et soutenir les chercheures et chercheurs dans la poursuite d’études innovantes et porteuses d’impact. Un financement adéquat est essentiel au progrès de l’éducation et au développement de pratiques fondées sur des données probantes.

Éducation inclusive et équitable

  • Explorer l’efficacité d’une approche bilingue dans l’enseignement aux élèves, en particulier au primaire. Cela peut permettre d’améliorer les résultats de l’apprentissage. En tirant parti des compétences linguistiques des élèves, l’éducation peut être à la fois davantage inclusive et efficace.
  • Augmenter les fonds alloués à l’éducation, en mettant l’accent sur les zones rurales et difficiles d’accès. Cela est essentiel pour motiver le personnel enseignant à travailler dans ces régions. En s’attaquant aux inégalités de ressources, l’éducation peut devenir un droit davantage équitable et inclusif, et ce, pour toutes et pour tous.
     

En outre, tout en reconnaissant les précieux enseignements tirés du symposium de trois jours à Abidjan, les points focaux du Pôle Afrique 19 du KIX, qui représentent divers ministères de l’Éducation, se sont mobilisées dans le cadre de délibérations supplémentaires portant sur l’amélioration des politiques et des pratiques éducatives dans leurs pays respectifs. Il s’agissait de distiller et de synthétiser les informations les plus pertinentes glanées au cours des trois jours, et d’interpréter la manière dont ces enseignements pourraient informer et façonner des processus efficaces de prise de décision en matière d’éducation au sein de leurs départements et ministères respectifs. Les points focaux ont proposé des stratégies pour intégrer la recherche dans la prise de décision, fournissant une feuille de route aux décisionnaires politiques et aux parties prenantes en vue d’utiliser efficacement la richesse des connaissances générées. Cette séance de réflexion visait à consolider et à articuler la volonté collective de mettre en œuvre des mesures et des initiatives concrètes basées sur les résultats du symposium, traduisant ainsi les connaissances en actions ayant des répercussions sur l’avancement des systèmes éducatifs.

Perspectives et recommandations des personnes représentantes des pays partenaires du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE)

Les expériences des pays partenaires du GPE au cours des trois jours du symposium ont permis de dégager plusieurs enseignements et recommandations clés. Chacun de ces points clés reflète l’intérêt des personnes représentantes des pays pour l’élaboration de politiques et de pratiques éducatives visant à améliorer les résultats d’apprentissage et à les centrer davantage sur l’élève.

Prise de décision fondée sur des données probantes

  • La génération de données en temps utile et de manière efficace est essentielle pour informer les politiques et prendre des décisions fondées sur des données probantes. Des données accessibles et actualisées permettent de mieux comprendre les enjeux en éducation et servent de base à des interventions ciblées.
  • La mise en place de systèmes de gestion des données interconnectés garantit une production et une utilisation transparentes des données. En arrimant diverses sources d’information, les décisionnaires politiques obtiennent une vision holistique de l’éducation et peuvent allouer des ressources de manière efficace.
  • Il est essentiel de renforcer la capacité des prestataires de services à recueillir, analyser et utiliser efficacement les données pour la prise de décision. Une formation et un soutien adéquats permettent aux parties prenantes de faire des choix éclairés et d’optimiser les ressources éducatives.
  • Il est essentiel de recueillir davantage de données portant sur les élèves en situation de handicap ou marginalisés afin de fournir des services d’éducation inclusifs. En comprenant leurs besoins particuliers grâce à des données exhaustives, les décisionnaires politiques peuvent allouer des ressources de manière équitable, cerner les lacunes et adapter les interventions afin de garantir que les élèves en situation de handicap ou marginalisés ont accès à une éducation de qualité.

Collaborer avec les parties prenantes à l’élaboration des politiques

  • Favoriser la collaboration entre les parties prenantes, y compris les décisionnaires politiques, les chercheures et chercheurs, et les praticiennes et praticiens, constitue la clé d’une meilleure prise de décision. En travaillant ensemble, il est possible de tirer parti de perspectives et d’expertises diverses pour susciter des changements pertinents dans le domaine de l’éducation.
  • L’implication des chefs d’établissement scolaires dans les processus de prise de décision favorise la mutualisation des responsabilités et les approches collaboratives afin de relever les défis de l’éducation. En tirant parti de l’expertise des chefs d’établissement scolaires, les décisionnaires politiques peuvent tirer des enseignements de la base et concevoir des stratégies de mise en œuvre des politiques qui sont davantage consultatives.
     

Les personnes participantes au symposium ont également souligné la nécessité de mettre en place des stratégies de communication et d’échange d’informations plus courantes et plus efficaces. Ces personnes ont souligné que les résultats de la recherche doivent être clairement communiqués à des publics non universitaires et que les gouvernements, ainsi que les chercheures et chercheurs, doivent collaborer et dialoguer tout au long du processus de recherche. Cette collaboration plus étroite entre les personnes créatrices de connaissances et les décisionnaires peut déboucher sur une recherche davantage ciblée, axée sur la demande et dont les résultats revêtent un caractère pratique et applicable.

En conclusion, le symposium a permis de dégager des idées et des recommandations précieuses, allant de la satisfaction professionnelle du personnel enseignant à la collecte inclusive de données et aux partenariats de collaboration. Les expériences mutualisées par les personnes participantes soulignent l’importance de la production de données en temps opportun, de la collaboration avec les parties prenantes et de la prise de décision fondée sur les données probantes. Ces enseignements ont le potentiel de remodeler les politiques et les pratiques en matière d’éducation, en mettant l’accent sur l’engagement à transformer les connaissances en actions efficaces au sein des systèmes éducatifs de l’Afrique subsaharienne.