Des signes encourageants montrent que l’écart entre les garçons et les filles en termes d’accès à l’éducation dans les pays africains se réduit. Un aperçu des politiques et des pratiques en matière d’équité entre les sexes et d’éducation inclusive dans 18 pays africains montre que des efforts politiques continus renforcent l’égalité des genres ainsi que l’éducation relative au handicap et aux besoins particuliers.
Un examen des données historiques sur la participation à l’éducation montre une augmentation constante de la parité hommes-femmes – passant de 21 % en 2005 à 48 % en 2021. Plus récemment, les rapports des événements de partage des connaissances et de renforcement des capacités organisés dans le cadre du réseau de Partage de connaissances et d’innovations du partenariat mondial pour l’éducation (GPE KIX) montrent que l’égalité des genres dans l’éducation constitue une priorité pour les ministères de l’Éducation des pays membres du GPE.
Cependant, les tendances aux niveaux régional, national et infranational révèlent également que les filles ont moins de chances de terminer l’école primaire et secondaire. Le GPE KIX marque cette année la Journée mondiale de l’enfant africain en réfléchissant aux progrès accomplis pour améliorer la scolarisation et les résultats d’apprentissage des filles enceintes dans les pays africains.
Grossesses précoces et scolarisation
La mauvaise mise en œuvre des politiques de réinsertion scolaire a contraint de nombreuses filles enceintes à abandonner l’école. Cette situation a été exacerbée pendant la pandémie, de nombreux pays d’Afrique ayant enregistré un nombre élevé de grossesses chez les adolescentes pendant la fermeture des écoles. Le rapport de l’Observatoire KIX COVID-19 sur la réouverture des écoles en Afrique pendant COVID-19 met en évidence certains défis auxquels les filles sont confrontées. Par exemple, les systèmes d’éducation ne collectent pas de données désagrégées sexospécifiques, ni ne suivent les progrès des étudiants et les politiques de réinsertion en douceur de la manière nécessaire pour comprendre et répondre aux besoins des filles.
Parmi les exemples pratiques d'interventions avérées qui améliorent l'éducation des filles, citons la réduction ou la suppression des frais de scolarité pour les filles, l'offre de bourses d'études et de livres et d'autres besoins de base, tels que des serviettes hygiéniques et des repas, et la mise en place d'un système de mentorat, de guidage et d'encadrement. Toutefois, ces interventions doivent s'appuyer sur des politiques efficaces de réinsertion scolaire permettant aux filles enceintes de retourner à l'école.
La bonne nouvelle réside dans l’instauration de politiques de réinsertion scolaire par de nombreux pays d’Afrique. À titre d’exemple, citons :
- La politique de réinsertion de la Zambie, qui exige de toutes les écoles qu'elles accordent aux filles un congé de maternité et les réadmettent afin de faciliter l'éducation des filles;
- - La décision largement saluée de la Tanzanie d'autoriser les mères adolescentes à retourner à l'école après avoir accouché;
- Les directives nationales pour la réinsertion scolaire du Kenya, qui facilitent la réinsertion dans les établissements d’enseignement des apprenants qui ont abandonné l’école pour diverses raisons, y compris ceux présentant un handicap ou des besoins de mesures d’accommodement;
- La politique de réadmission du Malawi, qui vise à éliminer les préjugés dans le système éducatif en garantissant que les filles enceintes puissent reprendre l’apprentissage.
Les politiques de réinsertion scolaire riment avec la sensibilisation de la communauté
Tout en appréciant le rôle des politiques dans la fourniture de la base juridique pour la scolarisation des mères adolescentes, leur efficacité doit s’accompagner d’une sensibilisation adéquate des filles et des familles à la politique, d’une sensibilisation des responsables scolaires et des enseignants afin qu’ils puissent fournir les conditions nécessaires pour que les filles retournent à l’école, et d’un effort collectif pour relever les défis culturels potentiels qui peuvent entraver l’apprentissage des filles, comme le souligne l’évaluation de l’efficacité de la politique de réinsertion scolaire de la Zambie.
Ce qui a changé pendant et après la pandémie
Un rapport de l’Observatoire KIX COVID-19 sur le bien-être des écoliers en Afrique pendant la pandémie de COVID-19 révèle que, même avant le début de la pandémie, plusieurs pays ont levé les interdictions et lancé des programmes de réinsertion pour que les adolescentes puissent retourner à l’école. Pendant la pandémie et la réouverture des écoles, les systèmes éducatifs ont adopté des mesures visant à protéger les filles contre les violences sexuelles et les grossesses précoces et à favoriser la réouverture des écoles grâce à des campagnes ciblées et à la sensibilisation à la violence basée sur la sexospécificité et la santé reproductive des adolescents.
Lors d’un webinaire du Pôle Afrique 19 du KIX, intitulé Atteindre et scolariser les filles en Afrique sub-saharienne pendant la pandémie de COVID-19, le Zimbabwe a fait part de sa campagne de retour à l’école qui a permis d’organiser des sessions de dialogue communautaire sur l’importance du retour à l’école pour les enfants handicapés, les adolescentes enceintes et celles qui sont mariées avant l’âge légal dans tous les districts du pays. Ce thème en Afrique de l’Ouest est illustré par la décision de la Sierra Leone de recruter davantage d’enseignantes tout en intensifiant l’éducation du public – à l’aide de la radio, de la télévision, de médias sociaux et de réunions publiques – sur la valeur d’une politique inclusive conçue pour ne laisser personne de côté.
D’autres améliorations, au-delà de l’éducation des mères adolescentes, sont également discutées. Lors d’un événement pédagogique de Pôle Afrique 19 du KIX sur la prévention de la violence scolaire basée sur la sexospécificité, l’Ouganda, qui a récemment rouvert les écoles après une fermeture de deux ans, a indiqué que le ministère de l’Éducation continuera à travailler avec d’autres parties prenantes pour intégrer l’éducation à la violence reproductive sexuelle basée sur la sexospécificité dans le programme scolaire. Plus précisément, le ministère de l’Éducation a élaboré des lignes directrices pour mettre en œuvre des pédagogies tenant compte de la sexospécificité et a formé des enseignants experts au niveau de la communauté scolaire afin de guider les autres enseignants et apprenants pour qu’ils soient sensibles à la sexospécificité et évitent les préjugés et la discrimination.
Les progrès accomplis par les pays africains pour promouvoir la réinsertion scolaire des filles s’avèrent remarquables, mais insuffisants. Le CRDI, le GPE et le GPE KIX marquent la Journée mondiale de l’enfant africain en continuant à investir dans les preuves et la recherche sur ce qui fonctionne dans l’éducation, dans le partage et l’utilisation de ces connaissances au-delà des frontières, et en s’attaquant aux barrières structurelles qui nuisent à l’accès à l’éducation et à sa rétention.