En raison de l'insuffisance des mesures, l'impact de la pandémie de COVID-19 sur l'apprentissage ne peut être ni surestimé ni quantifié avec précision. La pandémie a frappé le continent africain entre fin février et début mars 2020. Le premier trimestre du calendrier scolaire s'achevait dans la partie orientale du continent, plus précisément au Kenya. Les premières années venaient de commencer l'école secondaire et s'adaptaient lentement à leur nouvel environnement d'apprentissage. L'année scolaire était en cours et les principales activités extrascolaires étaient en plein essor, notamment les activités sportives et les festivals de théâtre. Au Nigeria, dans l'ouest du continent, les écoles en étaient à la deuxième moitié de l'année scolaire, laquelle commençait au début du mois de janvier avec diverses activités programmées. Le caractère soudain et urgent de la pandémie a poussé les parties prenantes dans une courbe d'apprentissage abrupte qui a nécessité une collaboration et a exigé des réponses innovantes et une flexibilité dans l'adaptation de nouvelles approches en tenant compte des systèmes et des politiques existants.
Ce blog présente une vue d'ensemble des pratiques réussies basées sur des preuves provenant des pays partenaires du Partenariat mondial pour l'éducation, sous l'Observatoire KIX sur les réponses à la COVID-19 dans les systèmes éducatifs africains, recueillies dans sept pays à savoir le Burkina Faso, le Kenya, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Niger et le Nigeria, en utilisant une approche de recherche d'étude de cas. Les enseignements tirés peuvent fournir aux décideurs, y compris les experts en curriculum, les fonctionnaires des ministères de l'éducation, les fonctionnaires de la santé et de la planification, et les chercheurs, des stratégies qui peuvent être reproduites pour améliorer la continuité de l'apprentissage et le bien-être de l'apprenant pendant les périodes de crise et hors crise. L'ensemble des résultats est documenté dans le rapport détaillé, intitulé "Rapport d'études de cas sur les réponses à la pandémie de COVID-19 dans les systèmes éducatifs d'Afrique". Les pratiques réussies ont été intégrées dans les réponses à la pandémie de COVID-19 afin d'assurer la continuité de l'apprentissage.
Les pratiques réussies dans les sept pays relèvent de deux grands thèmes: (a) le fonctionnement des systèmes éducatifs, y compris la formation des enseignants et la réouverture des écoles; et (b) le bien-être général des apprenants, y compris l'offre de nutrition, la lutte contre la violence sexuelle et basée sur le genre, et le soutien aux personnes déplacées.
Fonctionnement des systèmes éducatifs
Formation des enseignants: Au Kenya et au Niger, le gouvernement a collaboré avec différents organismes éducatifs pour former les enseignants à l'utilisation d'approches novatrices qui étaient soit rarement utilisées, soit non incorporées avant la pandémie. Au Kenya, par exemple, une collaboration multipartite entre le ministère de l'éducation, le Centre pour l'enseignement des mathématiques, des sciences et de la technologie en Afrique et l'Institut kenyan d'élaboration des programmes a facilité la mise en œuvre de la formation professionnelle en ligne pour les enseignants. En outre, les enseignants ont reçu une formation sur les plateformes d'enseignement en ligne telles que Google Classroom pour atteindre les élèves à distance. En revanche, les enseignants du Niger ont reçu une formation pédagogique sur l'enseignement au niveau approprié. Les pays ont tiré parti des structures et des cadres existants, servant de tremplin à la reprise et à l'apprentissage continu. En outre, des options créatives telles que l'utilisation de centres d'apprentissage de proximité ont permis de mettre en commun des ressources disponibles limitées et d'offrir des possibilités éducatives à un plus grand nombre d'apprenants. Dans les deux pays, des techniques novatrices telles que le cadre de formation des formateurs et l'utilisation d'alternatives peu technologiques telles que la radio et la télévision ont permis d'accroître la portée de la mise en œuvre.
Réouverture des écoles: Au Malawi, pour s'assurer que les apprenants reçoivent des informations sur le retour à l'école après les fermetures d'écoles, le gouvernement a utilisé des campagnes de retour à l'école pour faciliter la réouverture des écoles en toute sécurité. Des idées créatives telles que l'introduction de classes alternées et le recrutement d'enseignants auxiliaires ont facilité le respect des lignes directrices relatives à la distanciation sociale.
Des organisations telles que Save the Children ont complété les efforts du gouvernement pour sensibiliser les communautés à la nécessité de ramener leurs enfants à l'école. De même, les groupes de mères, généralement composés de dix femmes, ont joué un rôle clé de ressource et de liaison entre les écoles, les foyers et les communautés. Ces groupes ont travaillé en étroite collaboration avec les écoles et le ministère de l'éducation afin d'apporter un soutien de nature à améliorer les chances de réussite des apprenants, en particulier des filles, dans leur éducation. Les groupes de mères ont encouragé les parents à ramener leurs enfants à l'école. Il leur arrivait également de prendre contact avec des écolières qui s'étaient mariées pour les encourager à reprendre leurs études. Ces organisations et communautés ont tiré parti de leurs réseaux et relations existants, ce qui a eu pour effet d'accroître l'impact des efforts déployés dans les différentes communautés.
Bien-être général des apprenants
Offre de nutrition: Au Mozambique, la coordination des mesures de redressement visant à garantir que les apprenants reçoivent une alimentation continue pendant la fermeture des écoles a été évidente. De nombreuses parties prenantes ont collaboré pour faciliter le processus de distribution de nourriture. Les directions provinciales de l'éducation, les services éducatifs des districts et les conseils scolaires ont organisé les processus de distribution alimentaire en utilisant les données disponibles sur les contacts des parents et des élèves. Il est important de noter que le gouvernement s'est appuyé sur le programme d'alimentation scolaire existant, a servi de tremplin pour la distribution alimentaire pendant les fermetures d'écoles et a collaboré avec diverses organisations non gouvernementales (ONG), telles que l'Agence adventiste de développement et de secours et Counterpart International. Le Programme alimentaire mondial a apporté un soutien technique aux agents du ministère de l'éducation et du développement humain dans la préparation et la facilitation de la formation des formateurs pour les directeurs d'école des provinces et des districts. Ces formateurs ont ensuite animé des ateliers avec les chefs d'établissement, les responsables de l'alimentation scolaire et le personnel administratif impliqué dans la planification, la gestion, la redevabilité et l'établissement de rapports dans les 192 nouvelles écoles du programme national d'alimentation scolaire. En plus de fournir des repas aux ménages, la communauté locale a été encouragée à créer des fermes scolaires qui produisent des aliments localement et à moindre coût en cultivant des potagers et en élevant des volailles.
Lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre: Au Mali, le gouvernement a adopté une approche multidimensionnelle pour faire face à l'augmentation des violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG) pendant la pandémie, en particulier pendant les fermetures d'écoles. Des organisations telles que Girls Leadership and Empowerment through Education (GLEE) ont mis l'accent sur la sensibilisation des communautés à la violence sexuelle et basée sur le genre. En collaboration avec des partenaires au développement tels que l'USAID, le gouvernement a intégré le programme GLEE à d'autres initiatives éducatives visant à sensibiliser la population à la violence sexuelle et basée sur le genre. En plus du programme GLEE, le gouvernement du Mali a formé les enseignants et les directeurs d'école au soutien psychosocial contre la violence sexuelle et basée sur le genre en utilisant une approche en cascade (au niveau central, décentralisé et local) afin d'accroître la sensibilisation au sein des communautés. Le programme GLEE a bénéficié d'un ancrage dans d'autres ressources de soutien social dans le pays. Le gouvernement a mis en place des mécanismes de soutien psychosocial liés à la pandémie et a assuré la protection des groupes les plus vulnérables tout en offrant une éducation et une formation.
Apporter un soutien aux personnes déplacées: Au Burkina Faso et au Nigeria, la collaboration entre les parties prenantes, y compris le gouvernement fédéral, les ONG telles que Creative Associates et d'autres organisations de la société civile, a facilité les programmes de soutien qui ont créé un environnement propice à la formation sur les activités d'apprentissage fondamentales axées sur le calcul, la lecture et l'écriture et les compétences liées à la santé dans les camps de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Les programmes de soutien comprenaient la fourniture d'abris et de matériel nécessaire, comme des installations sanitaires de base pour les enfants et les personnes touchées par la violence sexuelle et basée sur le genre. Les programmes ont également fourni à ces bénéficiaires des informations sur le retour à l'école et des compétences génératrices de revenus. L'énergie solaire a facilité l'apprentissage des personnes déplacées et a permis de répondre aux contraintes liées à l'accès limité à l'électricité et à l'internet, augmentant ainsi les possibilités d'apprentissage pour les étudiants vulnérables. La mise en place de groupes scolaires a permis de coordonner les interventions dans les camps de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Des enseignants ont été recrutés parmi les réfugiés et les communautés d'accueil pour enseigner aux enfants pendant le confinement, et des classes spéciales ont été organisées pour les enfants des premières années de scolarité.
Conclusion
La collaboration entre les parties prenantes de l'éducation, telles que les gouvernements, les partenaires au développement et les dirigeants locaux, a facilité la réponse et le redressement dans les différents pays. Le succès constaté renforce l'importance déjà établie de la coopération dans le secteur de l'éducation pour une réponse holistique aux besoins éducatifs, en particulier pendant les crises. Pour la préparation aux crises futures et pour mettre en place des systèmes éducatifs résilients, les parties prenantes peuvent renforcer les cadres existants pour la formation des enseignants ou la distribution de repas, cibler les priorités, renforcer les alliances entre les parties prenantes, encourager les innovations locales et se préparer à des événements improbables afin d'assurer la continuité de l'apprentissage et une prestation de services efficace.
