Le dialogue du Programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) en l’Ouganda sur les élèves en situation de handicap

Posted: 28 juin 2023
Sarah Bugoosi Kibooli, commissaire à l’éducation des personnes ayant des besoins particuliers
Source: KIX Africa 19 hub

Le dialogue du KIX en Ouganda sur les élèves en situation de handicap a été organisé par le ministère de l’Éducation et des Sports (MoES) de l’Ouganda et le Pôle Afrique 19 du KIX, par l’intermédiaire du Bureau régional de l’Afrique orientale et australe de l’UNICEF, le 5 avril 2023 à Kampala, en Ouganda. L’événement a rassemblé plus de 140 personnes représentantes de gouvernements, d’établissements d’enseignement et d’organisations de personnes en situation de handicap. L’objectif était d’en savoir davantage sur les politiques et les pratiques de l’Ouganda en matière d’éducation inclusive pour les personnes en situation de handicap. Il s’agit du cinquième dialogue national du KIX depuis la création du Pôle Afrique 19 du KIX.

Sarah Bugoosi Kibooli, commissaire chargée des besoins éducatifs particuliers en Ouganda, a ouvert la réunion en faisant part des objectifs et des espoirs qu’elle plaçait dans le dialogue, avant que Quentin Wodon, Ph. D., directeur de l’Institut international pour le renforcement des capacités en Afrique (IIRCA) de l’UNESCO, Munir Safieldin Ph. D., représentant de l’UNICEF en Ouganda, Ketty Lamaro, Secrétariat permanent à l’éducation et aux sports, et J. C. Muyingo, ministre de l’Enseignement supérieur, adressent leurs souhaits de bienvenue dans le cadre de la réunion. Ces personnes ont vivement encouragé la collaboration entre les parties prenantes et l’adoption de mesures immédiates afin de renforcer l’éducation inclusive.

Conformément à l’accent mis par le dialogue sur l’intégration de l’éducation pour l’inclusion des personnes en situation de handicap, le dialogue a bénéficié d’une interprétation simultanée en langue des signes pour les personnes participantes qui en avaient besoin.

image for blogL’honorable J. C. Muyingo, ministre de l’Enseignement supérieur

L’honorable J. C. Muyingo, ministre de l’Enseignement supérieur, a rappelé que la Constitution de la République d’Ouganda garantit le droit à l’éducation pour toutes et tous. Il a également souligné que l’Ouganda est l’un des rares pays à assurer une représentation particulière des personnes en situation de handicap au Parlement et dans tous les conseils locaux. Ketty Lamaro, du Secrétariat permanent à l’éducation et aux sports, a fait part de quatre engagements pris par le ministère de l’Éducation et des Sports en Ouganda à la suite du Sommet mondial sur le handicap; i) mettre en œuvre des technologies pour les élèves en situation de handicap et un outil d’évaluation fonctionnelle dans toutes les écoles d’ici la fin de 2023; ii) rénover et relancer trois centres régionaux de ressources éducatives et d’évaluation supplémentaires d’ici 2024; iii) organiser des séances de renforcement des capacités du personnel enseignant dans le domaine de l’éducation des besoins spéciaux, y compris la pédagogie spécialisée, répartir équitablement le personnel enseignant spécialisé dans tous les gouvernements locaux et fournir davantage de matériel et d’appareils spécialisés aux élèves en situation de handicap, sur la base d’une évaluation des besoins, d’ici 2024; iv) modifier les critères d’évaluation des élèves en situation de handicap dans le cadre du système de quotas conformément à la Loi sur les personnes en situation de handicap de 2020, d’ici 2023.

image for blogMary Awino Hope (Université de Kyambogo) (à gauche) (interprète en langue des signes à droite).

Mary Awino Hope a fait part de son expérience en tant qu’étudiante universitaire en situation de handicap. Elle a indiqué qu’elle avait passé trois ans à l’université sans bénéficier d’une attention particulière ni d’installations et d’un environnement appropriés pour l’aider à apprendre. Cela l’a obligée à chercher à être admise dans un autre établissement et, bien qu’elle ait finalement terminé ses études, elle a indiqué qu’elle avait dû faire face à de nombreuses difficultés pour accéder au matériel d’apprentissage et à un soutien individualisé pendant son parcours à l’université. Mary a souligné qu’il existe encore aujourd’hui de nombreux obstacles à l’éducation pour les personnes en situation de handicap et qu’il est important de leur donner la parole afin de bien comprendre leurs besoins en matière d’apprentissage et d’y donner suite.

image for blogOjok Patrick, Ph. D., de l’Université de Kyambogo (à gauche) et Quentin Wodon, Ph. D., directeur de l’IIRCA de l’UNESCO (à droite)

L’événement a offert aux décisionnaires et aux parties prenantes une plateforme afin de discuter de l’état actuel et des défis de la mise en œuvre de politiques et de programmes d’enseignement intégrant le handicap, puis pour cerner des solutions permettant d’améliorer l’accès à l’enseignement intégré pour les élèves en situation de handicap. La séance du matin comprenait des présentations d’organisations comme le ministère de l’Éducation et des Sports, l’IIRCA de l’UNESCO, le Bureau régional de l’Afrique orientale et australe de l’UNICEF et des universités de l’Ouganda (veuillez consulter le PowerPoint si vous souhaitez en savoir davantage). Les présentations ont fait état des politiques éducatives existantes pour les élèves en situation de handicap en Ouganda, ainsi que des défis relatifs à leur mise en œuvre. Parmi les défis à relever figurent le manque de données sur les élèves, la formation inadéquate du personnel enseignant à l’égard des besoins éducatifs particuliers, les problèmes d’accessibilité, l’insuffisance du budget alloué à l’éducation inclusive et les attitudes négatives à l’égard des élèves en situation de handicap.

Ojok Patrick, de l’Université de Kyambogo, a présenté les changements de politique pour les élèves en situation de handicap en Ouganda, notamment l’abrogation de la Loi sur le handicap de 2006 et les coupes budgétaires, et a indiqué que le ministère de l’Éducation et des Sports était en train d’élaborer une politique nationale d’éducation inclusive. Quentin Wodon, Ph. D., directeur de l’IIRCA de l’UNESCO, a présenté des données montrant que le rendement des investissements dans l’éducation est pratiquement le même pour les élèves en situation de handicap que pour les autres élèves. Cependant, il existe des différences importantes dans l’achèvement de la scolarité entre les élèves en situation de handicap et les autres élèves, les filles en situation de handicap présentant le risque le plus élevé de quitter l’école au moment du recensement. Afin de relever ces défis, il a souligné qu’il était important de documenter ces données, arguant que l’investissement dans l’éducation des enfants en situation de handicap peut renforcer les sociétés et les économies, en commençant par des interventions basées sur les pratiques exemplaires.

image for blogYetneberesh Nigussie Molla, spécialiste de programme du Bureau régional de l’Afrique orientale et australe de l’UNICEF (à gauche) et Pamela Nizeyimana, Ph. D., Mountains of the Moon University (à droite)

Yetneberesh Nigussie Molla, spécialiste de programme au Bureau régional de l’Afrique orientale et australe de l’UNICEF, a indiqué que l’Afrique orientale et australe comptait 28,9 millions d’enfants en situation de handicap et que 49 % d’entre eux n’allaient pas à l’école. Elle a souligné la nécessité d’une éducation inclusive dans les écoles publiques habituelles, d’une réforme du cadre juridique national et d’une responsabilité accrue en matière d’éducation inclusive, de plans de coûts clairs, de collecte de données, de détermination précoce et de sensibilisation face aux handicaps afin de vaincre les attitudes négatives.

Pamela Nizeyimana, Ph. D., professeure à la Mountains of the Moon University et personne vivant avec un handicap, a souligné que les obstacles à l’éducation inclusive comprennent les attitudes négatives à l’égard des enfants en situation de handicap, qui provoquent l’isolement et l’abandon de ces derniers. En outre, elle a souligné que les obstacles physiques et en matière de communication exacerbent encore davantage les difficultés rencontrées par quelque 2,8 millions d’enfants en situation de handicap en Ouganda, citant l’exemple d’un enfant malentendant qui n’a pas pu participer aux activités de la classe parce que le personnel enseignant ne pouvait pas l’aider avec le langage des signes. Elle a insisté sur la nécessité de supprimer ces obstacles afin de renforcer l’éducation inclusive en Ouganda.

Ressources utiles

La séance de l’après-midi a été l’occasion d’un échange actif portant sur quatre sujets clés : la collecte de données, l’enseignement, l’apprentissage et l’évaluation de l’apprentissage, la détermination et l’évaluation, et les mesures d’adaptation raisonnables pour les enfants en situation de handicap. Les solutions pratiques communiquées par les personnes participantes ont été notées et documentées dans les points d’action énumérés ci-dessous :

  1. Il est absolument nécessaire de remédier à l’inaccessibilité des installations scolaires.
  2. Les questions d’accès, de participation, de réussite et de transition requièrent une attention particulière.
  3. Le modèle actuel de formation du personnel enseignant et les pratiques de déploiement de ce personnel doivent garantir que toutes les écoles disposent de personnels enseignants spécialisés.
  4. Le taux d’encadrement doit être amélioré, car l’inclusion n’est pas possible dans des classes surchargées.
  5. Les modèles de financement doivent être réformés pour couvrir tous les ordres d’enseignement où sont inscrits les enfants en situation de handicap.
  6. Le gouvernement doit créer une approche contextualisée de l’éducation inclusive, par exemple en publiant des lignes directrices pour le placement des élèves en situation de handicap dans les différents types d’écoles en Ouganda.
  7. La collecte, l’analyse, le stockage et la gestion de données tenant compte du handicap doivent être renforcés afin de faciliter la planification et la défense d’intérêts fondés sur des données probantes.

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L’événement s’est conclu par des points d’action particuliers afin de guider les prochaines étapes du renforcement de l’éducation inclusive en Ouganda.

Pour visionner l’enregistrement complet de l’événement, cliquez ici pour la première partie, ici pour la deuxième partie et ici pour la troisième partie. Pour en savoir davantage sur le Pôle Afrique 19 du KIX, consultez notre site Web et suivez nos activités sur Twitter.