Dans le but d’analyser la réalité éducative et les pratiques des enseignants qui ont été mises à rude épreuve par la pandémie et de visualiser les problèmes critiques du système d’éducation du point de vue des enseignants, SUMMA (Laboratorio de Investigación e Innovación en Educación para América Latina y el Caribe [laboratoire de recherche et d’innovation en éducation pour l’Amérique latine et les Caraïbes) a réalisé l’enquête régionale « La Voz Docente, por el derecho a una educación justa e inclusiva para América Latina y el Caribe » (la voix des enseignants, pour le droit à une éducation juste et inclusive pour l’Amérique latine et les Caraïbes), avec l’appui de 21 ministres de l’Éducation et de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO), dans le cadre de l’initiative Partage de connaissances et d’innovations (KIX selon le sigle anglais), sous l’impulsion du Partenariat mondial pour l’éducation.
En plus de fournir un diagnostic régional et par pays approfondi et rigoureux, le rapport fournit des recommandations pour l’élaboration de politiques d’éducation, à moyen et à long terme, en tenant compte des défis que la pandémie a amplifié. Ce qui précède inclut : la récupération des apprentissages, le bien-être des communautés de l’éducation, un appui pédagogique plus important pour les professeurs et des équipements éducatifs, et la réduction urgente des brèches dans l’éducation exacerbées pendant la pandémie entre les étudiants de différents contextes, entre autres.
Résultats principaux (moyennes régionales, en tenant compte de 21 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes) :
- L’aide aux élèves a diminué pendant la pandémie, étant principalement constatée par les enseignants d’élèves de niveau socioéconomique inférieur. En moyenne, 64,8 % des enseignants ont l’impression que l’aide à leurs élèves a diminué pendant cette période.
- La grande majorité des enseignants (93,4 %) observent des retards d’apprentissage chez une certaine partie de leurs élèves. En tout, 26,5 % perçoivent des retards chez plus de la moitié des élèves.
- L’enquête signale une forte préoccupation chez les enseignants (56,7 %) concernant le risque d’exclusion d’élèves de l’éducation pendant la pandémie. Ce risque est perçu comme étant encore plus important par les enseignants qui travaillent dans des écoles de niveau socioéconomique inférieur (59,6 %) et par ceux qui enseignent à l’école secondaire (74,3 %).
- En ce qui concerne le bien-être des élèves, l’enquête montre que les problèmes de santé liés à la COVID-19 ou à une autre maladie sont identifiés par une partie importante des enseignants (37,5 %) comme étant le principal problème auquel leurs élèves ont été confrontés pendant cette période et que cela a nuit à leur processus d’apprentissage. De plus, 27,8 % mentionne le manque de motivation des élèves ou la dépression.
- Du point de vue des enseignants, les principales difficultés rencontrées par leurs élèves ont été les problèmes de connexion à internet (85,1 %), le faible niveau d’accès à des appareils électroniques (77,1 %), le manque de temps des familles pour les aider avec les travaux scolaires (54,7 %) et les difficultés socioéconomiques (54,2 %).
- Un des éléments pédagogiques qui ajoutent à la complexité est le fait que les enseignants ont dû adapter les formats et les pratiques pédagogiques pour faire face aux défis de l’enseignement à distance. Les formats les plus utilisés pour donner des cours à distance ont été les cours en ligne (70,6 %), les vidéos éducatives sur YouTube ou d’autres plateformes (63,6 %) et les guides en format numérique ou imprimé (59,8 %).
- En ce qui concerne l’appui pour le perfectionnement des enseignants professionnels, la grande majorité des enseignants (81,2 %) ont dit avoir reçu de la formation sur l’enseignement à distance offerte par le ministère de l’Éducation de leur pays. Toutefois, un enseignant sur cinq de la région dit ne pas avoir reçu une telle formation.
- Sur l’ensemble des enseignants, 37,6 % ont déclaré que la formation était insuffisante. De la même façon, 13,6 % ont dit avoir besoin de cette formation mais ne pas l’avoir reçue. Cela signifie que 51,2 % des enseignants expriment le besoin de créer plus de meilleures possibilités de perfectionnement professionnel des enseignants.
