L’utilisation de données par les pays pour guider les politiques en matière d’éducation

Posted: 21 juillet 2021

Ce blogue a initialement été publié sur le site de l’UNICEF le 7 juillet 2021. Peggy Kelly est spécialiste des statistiques et du suivi à l’UNICEF en plus d’être partenaire de recherche du programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation. Les opinions exprimées dans le présent billet sont les opinions de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du KIX.

Source: UNICEF

Les données peuvent-elles être transformées en politiques afin que les enfants du monde entier, même les plus défavorisés, puissent exercer leur droit d’apprendre? 

 

Un projet, connu sous le nom de MICS-EAGLE pour son utilisation des données d’enquêtes à grappes à indicateurs multiples (MICS) afin de faire progresser l’analyse de l’éducation et l’apprentissage à l’échelle mondiale en faveur de l’équité (EAGLE), a aidé des pays à y parvenir dès la première année. Ce projet, officiellement connu sous le nom d’Utiliser les données pour améliorer l’équité et l’inclusion dans l’éducation, est financé par le programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation et vise à aider des pays à mieux utiliser leurs données sur l’éducation en les orientant vers l’élaboration de politiques et de plaidoyers fondés sur des preuves. Au moins trois pays (le Laos, la Mongolie et la Géorgie) ont déjà montré comment ils ont utilisé ces données pour guider leurs politiques en matière d’éducation. Ce blogue aborde ces nouveaux résultats.

 

Fonctionnement du projet

Le projet MICS-EAGLE s’engage d’abord avec des pays à créer des fiches d’information sur l’éducation qui fournissent des renseignements fondés sur des données dans des domaines comme l’achèvement des études et le taux de décrochage, la prévalence de l’éducation de la petite enfance (EPE), les compétences d’apprentissage de base et l’accès aux outils d’apprentissage à distance. Ces pays peuvent ensuite organiser des ateliers nationaux pour interpréter et diffuser ces renseignements dans le but de les intégrer aux plans de développement du secteur de l’éducation et à d’autres documents politiques. 

 

Conclusions du Laos

Au Laos, par exemple, la nécessité d’accroître l’accès à l’éducation de la petite enfance, en particulier pour les enfants pauvres et ceux des zones rurales, a été mise en évidence par les données de MICS-EAGLE avant d’être finalement intégrée dans les recommandations politiques. À la suite de la tenue de l’atelier national, plusieurs documents politiques clés, dont le neuvième plan de développement du secteur de l’éducation et des sports (PDSES) du pays, ont été modifiés afin de donner la priorité à l’équité en matière d’éducation pour les enfants pauvres. La citation suivante du PDSES du Laos reflète clairement les conclusions du rapport national de MICS-EAGLE (en anglais seulement) : « Malgré une augmentation de la participation des enfants du 20 % des ménages les plus pauvres, la plupart des enfants qui fréquentent les garderies et les programmes préscolaires proviennent toujours des zones urbaines et des zones rurales bien desservies. Les données indiquent que les enfants les plus pauvres et ceux des zones rurales ont moins de chances de fréquenter l’éducation de la petite enfance (EPE), tout comme ceux dont les mères sont moins instruites. » 

Conclusions de la Mongolie

En Mongolie, les données de MICS-EAGLE ont contribué à faire ressortir les éléments d’un plan du secteur de l’éducation visant à assurer un accès équitable à l’éducation aux enfants handicapés ou ayant des difficultés fonctionnelles. Au cours de l’atelier national, les participants ont soulevé les questions de la qualité de l’éducation et des disparités dans les taux de réussite, les taux de scolarisation les plus faibles et les taux nets ajustés de fréquentation scolaire entre les enfants avec des difficultés fonctionnelles et ceux qui n’en ont pas. Les données ont révélé, par exemple, que 10 % des enfants en âge de fréquenter l’école secondaire qui présentent des difficultés fonctionnelles ne sont pas scolarisés, contre seulement 3 % pour tous les autres enfants. Le gouvernement de la Mongolie a pris en compte ces données dans le Plan de développement du secteur de l’éducation à moyen terme (PDSEMT) de 2030 (en anglais seulement), qui, pour la première fois, met l’accent sur la qualité de l’éducation et la garantie d’un accès équitable à l’éducation aux enfants défavorisés, y compris les enfants handicapés.

Conclusions de la Géorgie

Le cas de la Géorgie est d’autant plus remarquable que le pays a poussé son initiative politique un peu plus loin et a adopté une loi visant à faire le suivi des enfants non scolarisés ainsi que de ceux qui risquent de décrocher. Le nouveau programme exige que les chercheurs en éducation, les décideurs et les prestataires de services collaborent pour analyser les données sur les enfants non scolarisés et définir l’ensemble des facteurs éducatifs, sociaux ou économiques qui mènent les enfants à abandonner l’école.

Lors de l’atelier national MICS-EAGLE en Géorgie, les parties prenantes de l’éducation ont utilisé les données de la fiche d’information de la Géorgie pour attirer l’attention sur l’aspect socioéconomique des enfants qui décrochent. En Géorgie, les enfants les plus pauvres en âge de fréquenter l’école secondaire sont cinq fois plus nombreux à ne pas être scolarisés que les enfants les plus riches (20 % contre 4 %). En s’appuyant sur de telles données, l’atelier a formulé des recommandations qui ont été transmises au ministère de l’Éducation et des Sciences, qui ont ultimement  été adoptées.

Il ne s’agit que de quelques exemples de la manière dont MICS-EAGLE améliore les données probantes sur l’éducation et les oriente vers des prises de décision éclairées. L’objectif ultime de ces politiques fondées sur les données probantes est d’améliorer les possibilités d’éducation pour les enfants du monde entier, en particulier ceux qui en ont le plus besoin.