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Partenariat avec les gouvernements pour mettre à l’échelle les innovations en éducation

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Un graphique montrant quatre carrés qui indique l’autorisation avec une liste de contrôle, le soutien avec un certificat, la mobilisation avec un appel zoom et la co-création avec un groupe de personnes autour d’une table.
Crédit
Maya Elliott

Quelle est la différence entre l’autorisation, le soutien, la mobilisation et la co-création pour le gouvernement? 

De nombreux programmes prometteurs et des innovations destinées à améliorer l’éducation publique prennent racines à l’extérieur du gouvernement. Ils sont conçus ailleurs et introduits dans les écoles ou à d’autres niveaux du système d’éducation publique sous forme de projets pilotes ou de projets à court terme qui durent quelques années. L’objectif ultime de ces mises à l’échelle varie selon le contexte et la situation, mais on s’attend souvent à ce que le gouvernement finisse par être convaincu de sa valeur et adopte, adapte et intègre l’innovation dans le système d’éducation afin qu’elle devienne la nouvelle norme améliorée.  

Pourtant, favoriser l’adhésion du gouvernement n’est pas facile ni bien compris. Le défi tient en partie au fait qu’il est difficile, pour les équipes de mise à l’échelle, de déterminer exactement le type d’adhésion gouvernementale recherchée et la façon que cela pourra changer au fil du temps, à mesure que la mise à l’échelle progresse. 

Il est essentiel de faire une distinction claire entre les différents types de mobilisation du gouvernement pour une mise à l’échelle réussie. En nous appuyant sur le projet de Millions Learning’s, sur les nombreuses années d’examen des efforts de mise à l’échelle de l’éducation dans les pays à faible et à moyen revenu, nous avons cerné quatre types différents d’engagement des gouvernements liés aux innovations en éducation : l’autorisation, la participation, le soutien et l’appropriation. Avec plus de clarté, les spécialistes, les organismes subventionnaires et les autres personnes qui travaillent à mettre à l’échelle des innovations percutantes peuvent cibler plus soigneusement les bons types de relations gouvernementales au bon moment et aux fins appropriées, ainsi que faire preuve de réciprocité et de réflexion pour maintenir ou adapter de manière flexible la participation du gouvernement au fur et à mesure que la mise à l’échelle progresse. Ce blogue traite des quatre types et met en évidence des exemples de deux équipes actuelles du projet KIX-ROSIE 

Quatre types de participation des gouvernements  

L’autorisation est lorsque le gouvernement, généralement au niveau local, permet à une équipe externe de mettre à l’essai, de mettre en œuvre ou de mettre à l’échelle l’innovation ou le projet de l’équipe dans certaines écoles ou ailleurs. Ce travail est généralement financé à l’externe; doté par du personnel de l’organisme d’innovation, de philanthropie ou d’aide internationale; et il suit un cycle de projet à court terme. Bien que l’autorisation de mettre à l’essai et de peaufiner une innovation soit essentielle à la durabilité à long terme, cela ne signifie pas que le gouvernement a décidé (ou même est disposé) d’adopter, de mettre en œuvre et de soutenir le programme lui-même maintenant ou à l’avenir. Cependant, cela peut être un bon moyen pour les équipes d’innovation de peaufiner leurs efforts, de démontrer l’efficacité de l’innovation et de catalyser l’intérêt. En fait, il ne faut pas éviter cette étape, car les équipes qui commencent à travailler sans obtenir l’autorisation peuvent rencontrer des problèmes plus tard lorsqu’elles choisissent de rechercher un dialogue plus approfondi avec le gouvernement.  

Le soutien est lorsqu’une ou plusieurs parties prenantes ou bureaux gouvernementaux défendent ou appuient activement l’innovation. Ce type d’adhésion n’inclut généralement pas de financement gouvernemental. Si elles sont bien choisies, les personnes ou les bureaux (nous avons précédemment indiqué six types de championnes et champions) peuvent jouer un rôle utile pour encourager la mise à l’échelle. Les adeptes peuvent favoriser la demande de la communauté, déterminer les fenêtres politiques que les gens de l’extérieur pourraient manquer et mettre en relation l’équipe d’innovation avec d’autres personnes à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement. Cependant, il ne faut pas confondre l’appui de quelques parties prenantes individuelles ou d’un seul bureau avec l’appui officiel ou généralisé du secteur public. Et il faut être réaliste quant à savoir qui a le pouvoir décisionnel dans le système (indice : ce ne sont peut-être pas vos personnes championnes). Enfin, il est crucial de réfléchir à la façon de gérer le roulement du gouvernement, car les adeptes peuvent abandonner ou changer de priorité en cours de route.  

La mobilisation se produit lorsque certaines parties prenantes gouvernementales (y compris le personnel enseignant du secteur public, les directions d’école, les inspectrices et inspecteurs et les décisionnaires) participent à la planification, à la recherche ou à la prise de décisions internes pour l’innovation, ainsi qu’à sa mise en œuvre et à sa mise à l’échelle. Cette participation peut être financée par des ressources en nature du gouvernement ou par de la philanthropie ou de l’aide externe. La rétroaction et la collaboration découlant de cette mobilisation peuvent être déterminantes pour comprendre quels aspects de l’innovation peuvent facilement évoluer au sein du système d’éducation existant, lesquels devront être adaptés ou supprimés pour réussir dans la mise à l’échelle, et lesquels vont obtenir un soutien supplémentaire à long terme. Cependant, encore une fois, la mobilisation ne signifie pas nécessairement qu’il y a un soutien à long terme. La participation du gouvernement devrait être axée sur ce qui est faisable autant que sur ce qui est idéal.    

La co-création consiste à concevoir des projets d’innovation en éducation et à mettre en œuvre une innovation et à intégrer une innovation dans le système d’éducation actuel. La co-création commence souvent par la détermination du problème à résoudre, puis par la contribution authentique des parties prenantes gouvernementales à la conception, à la mise à l’essai et à l’adaptation d’une innovation qui répond au problème choisi. La co-création signifie souvent que le gouvernement doit être responsable d’une combinaison de mise en œuvre, de financement, de surveillance, d’entretien, etc. Cependant, la co-création peut être difficile pour les équipes d’innovation en éducation, car elle nécessite généralement de libérer le contrôle  et sacrifier une partie de la reconnaissance, de l’image de marque et même du financement que l’équipe avait autrefois. C’est également un processus long et difficile pour un gouvernement de payer, de livrer, de maintenir l’innovation et d’en assurer l’impact. 

Deux exemples de parties prenantes de l’éducation qui cherchent à obtenir l’adhésion du gouvernement : Sydani et Educate!  

Recherche et développement à un stade précoce   

Le groupe Sydani au Nigéria dirige un projet de recherche appliquée par l’intermédiaire du GPE KIX sur la formation initiale du personnel enseignant au Nigéria. Ce travail a commencé en 2024, ce qui le place actuellement aux premiers stades de la recherche et du développement. Cependant, même à ce stade précoce, l’équipe de Sydani avait déjà réfléchi à la façon d’amener le gouvernement et de favoriser l’adhésion à long terme dès le départ. Avant même le début du projet, Sydani a travaillé avec la National Commission for Colleges of Education (la principale entité qui réglemente les activités des collèges d’enseignement au Nigéria) pour sélectionner les sites de ses projets et cerner les lacunes pertinentes dans le règlement administratif et la mise en œuvre des politiques. Cette consultation a contribué à l’élaboration du modèle novateur de formation multidimensionnelle du personnel enseignant que Sydani met actuellement à l’essai.  

L’une des premières choses que l’équipe du projet a faite a été d’obtenir les autorisations pertinentes du ministère de l’Éducation et des comités d’éthique. Ce processus d’obtention des autorisations a donné de la crédibilité au projet et a permis au gouvernement de connaître les travaux et les objectifs du projet. Après l’obtention des autorisations gouvernementales, l’équipe a demandé le soutien de parties prenantes telles que le National Teachers Institute, le Teachers Registration Council of Nigeria et le Nigerian Education Research and Development Council. Ces parties prenantes ont aidé à examiner et à peaufiner les modules et le matériel de formation du personnel enseignant. Cette mobilisation permet à leurs points de vue de contribuer au travail précoce et de jeter les bases d’un soutien futur à la mise à l’échelle et à la durabilité.  

Une leçon apprise est qu’il ne suffit pas d’obtenir des autorisations ou du soutien sur papier : ce sont les relations personnelles qui peuvent amorcer l’adhésion à long terme. Au cours des phases de lancement et d’évaluation du projet, Sydani a eu des consultations en personne avec le vice-rectorat et les équipes administratives principales des six collèges d’enseignement participants et l’organisme a visité des collèges en équipe. Ces visites ont renforcé la confiance, ce qui a mené à des interactions plus efficaces sur les sites de mise en œuvre par la suite.  

Les recherches existantes sur la mise à l’échelle ont montré que les équipes d’innovation font souvent appel au gouvernement trop tard, après avoir obtenu les résultats de leur travail et établi des méthodes de fonctionnement. Bien que l’attente puisse sembler nécessaire, elle risque de créer des innovations non durables parce que les commentaires du gouvernement n’ont pas été intégrés à la conception et que les parties prenantes gouvernementales n’ont pas participé à l’élaboration de documents ou à l’examen des données probantes pilotes. Lorsque les fonctionnaires du gouvernement et les praticiennes et praticiens se mobilisent dans les efforts de mise à l’échelle dès le début, il y a une meilleure compréhension, un soutien plus large et un engagement plus profond envers la réussite du projet. 

Un autre exemple, celui du Rwanda, illustre comment la co-création et la mobilisation peuvent fonctionner dans les dernières étapes de la mise à l’échelle.  

Co-création future ou continue pour la mise à l’échelle   

Au Rwanda, un organisme d’emploi pour les jeunes, nommé Educate! travaille avec des partenaires et des décisionnaires du gouvernement depuis des années pour développer une base de données nationale technologique pour la prise de décisions fondées sur des données probantes dans les écoles, les districts et le bureau central de l’éducation en ce qui a trait au programme d’études basé sur les compétences du pays. L’adhésion du gouvernement a été présente dès le début.  

Tout d’abord, l’équipe du projet a rencontré les décisionnaires pour comprendre leurs besoins en données et cartographier la manière, le moment et le lieu; et les fonctionnaires du gouvernement ont utilisé les données dans l’élaboration des politiques. Ensuite, le gouvernement, l’organisme Educate! et d’autres partenaires ont mis sur pied un « comité de base » national qui a conçu conjointement des projets d’apprentissage et des grilles d’évaluation harmonisées avec le programme national et les objectifs du projet. Ensemble, les principaux partenaires de la table ronde ont mis à l’essai le travail d’intégration des évaluations dans la base de données. Cela a donné l’occasion au gouvernement et à l’organisme Educate! d’examiner et prévoir les problèmes liés à la mise en œuvre et d’élaborer une solution qui répondrait adéquatement aux défis logistiques et favoriserait une culture de prise de décision fondée sur des données probantes dans le système d’éducation du Rwanda.  

Pour la prochaine étape, Educate! et l’équipe de recherche du GPE KIX réfléchissent à la façon de travailler avec le gouvernement non seulement pour concevoir les systèmes de données, les évaluations et les tableaux de bord, mais aussi pour encourager le gouvernement (et le personnel enseignant!) à utiliser et à s’approprier la plateforme et à la rendre utile pour leur travail et le soutenir. Comme l’a écrit Paul Carlile (2004), tant que les personnes utilisatrices, au niveau local, n’adopteront pas une innovation comme la leur, une véritable transformation du système ne peut se produire.  

Educate! souligne que l’adhésion du gouvernement n’est pas une activité unique, mais plutôt une relation continue dans laquelle les partenaires travaillent continuellement ensemble pour apprendre, discuter, résoudre les problèmes et renforcer les systèmes auxquels ces partenaires s’engagent. La co-création est un processus qui consiste à passer de la compréhension commune du problème à la conception et à la mise à l’essai d’une solution en collaboration pour renforcer la capacité d’une utilisation durable et productive de cette solution.  

Promouvoir le changement de mentalité  

Il est essentiel de s’éloigner de l’adhésion du gouvernement comme un simple objectif général ou un résultat de projet, mais plutôt de le considérer comme un processus complexe et dynamique intégré à l’ensemble du parcours de mise à l’échelle. Comprendre les quatre différentes dimensions de l’adhésion du gouvernement peut aider. Enfin, les exemples ici démontrent le truisme selon lequel, il faut aller au-delà de la simple autorisation du gouvernement à des aspects plus complexes, mais en fin de compte plus bénéfiques, en matière de soutien, de mobilisation et de co-création du gouvernement qui positionnent une équipe de projet vers une probabilité accrue d’un impact durable de son innovation à grande échelle. Pour plus de principes et d’exemples de mise à l’échelle, veuillez consulter Millions Learning