Le Dépôt numérique du pôle Afrique 19 du KIX: Rapprocher les mondes de la connaissance

Par: Farai Samhungu Posted: 04 août 2021
Ce blogue a été commandé par le programme Partage de connaissances et d’innovations du Partenariat mondial pour l’éducation (KIX). L'auteur, Farai Samhungu de CommsConsult, examine comment les utilisateurs finaux ont utilisé le référentiel numérique du pôle Afrique 19 du KIX depuis son lancement en décembre 2020 ainsi que son potentiel pour faciliter l'apprentissage inter-pays dans les pays partenaires du GPE qui sont impliqué dans le pôle.
A woman and a man work on a computer
Source: Lagos Techie/Unsplash

En Afrique, les acteurs de l’éducation savaient qu’ils pouvaient apprendre beaucoup les uns des autres, mais la question était celle de savoir comment échanger les connaissances et les innovations dans ce domaine. C’est là qu’intervient le programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation. Dans le cadre de sa mission visant à répondre aux priorités nationales et à faciliter l’apprentissage entre pays, le KIX met en place des outils pour répondre à cette question. 

« Le KIX offre une occasion unique en son genre de rendre possibles, d’alimenter et de faciliter ces conversations entre des professionnels qui, selon leurs propres termes, ‘ n’ont jamais l’occasion de se parler ’ », déclare Joy Nafungo, administratrice de programme principale au KIX.

Cet apprentissage « sud-sud » a franchi une étape importante en décembre 2020 avec le lancement du Dépôt numérique par le pôle Afrique 19du KIX. Le Dépôt numérique est un outil destiné à faciliter l’échange de connaissances et de ressources dans le domaine de l’éducation dans les 19 pays membres du pôle, y compris pour les parties prenantes et le grand public. À la différence de la Bibliothèque du KIX, qui contient des ressources fondées sur des données probantes en matière d’innovations pédagogiques concernant l’ensemble de la cohorte de projets du KIX ainsi que les parties prenantes externes du domaine de l’éducation, ce dépôt numérique est uniquement axé sur les données probantes des pays qui composent le pôle Afrique 19 et qui se situent dans la région formée par l’Afrique orientale, occidentale et australe.

« Le Dépôt numérique a été créé pour servir de guichet unique aux décideurs africains en matière d’éducation », explique Yvonne Risper Mboya, consultante en suivi, évaluation et apprentissage au pôle Afrique 19 du KIX. « Il a été mis sur pied pour faire émerger, rendre visibles et échanger les connaissances de ses membres. » Selon Mme Mboya, « c’est cette communauté – les experts et les chercheurs du domaine de l’éducation, les responsables gouvernementaux, les décideurs politiques et les autres parties prenantes qui travaillent à améliorer les résultats de l’éducation dans le monde – qui détient les réponses. »

Valentino Zimpita, directeur adjoint de l’enseignement supérieur au ministère de l’Éducation, des Sciences et de la Technologie (MoEST) du Malawi et point focal pour le KIX estime qu’il est « très important d’échanger des connaissances pour pouvoir avancer ensemble. Grâce au [dépôt numérique], nous allons faire en sorte que les politiques élaborées dans les différents pays soient éclairées par des données, non seulement au sein des pays, mais aussi à l’échelle du continent. »

Dans une évaluation des besoins en matière de technologies de l’information et des communications des parties prenantes de l’éducation, effectuée en 2020, le KIX a désigné « l’accès limité aux connaissances et aux données probantes pertinentes, leur utilisation partielle dans les réalités complexes de l’élaboration des politiques, et l’insuffisance des systèmes pour soutenir leur échange et leur adoption » comme des obstacles majeurs qui freinent la réalisation de progrès significatifs dans l’éducation en Afrique. 

La collecte de connaissances

Depuis son lancement, le dépôt numérique a recueilli et conservé plus de 200 documents provenant des 19 pays du pôle. « Les ressources comprennent des rapports de recherche, des documents d’orientation, des notes de synthèse, des fiches de données, des infographies, des enregistrements de réunions, des évaluations des besoins des pays, des plans stratégiques et beaucoup d’autres ressources », fait remarquer Mme Mboya.

« Le Dépôt numérique a été créé dans le cadre d’un processus auquel ont participé directement nos principales parties prenantes, à savoir les représentants des pays avec lesquels nous nous efforçons toujours de renforcer nos relations », explique Mme Mboya. « Les partenaires régionaux travaillant dans le domaine de l’éducation, tels que l’UNESCO-IICBA, l’UNICEF-ESARO, l’Union africaine et l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique, ont également échangé leurs publications », ajoute-t-elle.

Les documents que l’on trouve dans le Dépôt numérique du pôle reflètent les six domaines prioritaires de celui-ci, c’est-à-dire : 

  • Renforcer les systèmes d’évaluation de l’apprentissage;
  • améliorer l’enseignement et l’apprentissage;
  • renforcer la protection et l’éducation de la petite enfance (PEPE);
  • Atteindre l’égalité des sexes dans et par l’éducation;
  • Ne laisser personne de côté;
  • relever le défi des données dans l’éducation.

S’assurer que les ressources présentées au dépôt sont soigneusement sélectionnées pour faciliter la création de connaissances et l’apprentissage entre les pays. 

« Nous allons développer la collection afin de répondre aux besoins des parties prenantes. Actuellement, il y a beaucoup de ressources sur l’évaluation de l’apprentissage et l’enseignement, la PEPE et l’égalité des sexes, mais peu sur la gestion des données, l’équité et l’inclusion » dit Mme Mboya. Les parties prenantes disent qu’elles aimeraient « voir davantage de ressources sur la santé sexuelle et reproductive dans l’éducation, car il s’agit d’un domaine où il est de plus en plus nécessaire de s’attaquer aux inégalités entre les sexes en Afrique ».

Bien que le Dépôt numérique n’en soit encore qu’à ses débuts, les parties prenantes du Malawi, du Kenya, de la Zambie, de la Somalie, du Nigeria, du Soudan du Sud et d’autres pays s’accordent pour dire qu’il catalyse un riche échange de renseignements sur l’éducation en Afrique et permet de relever certains des défis qui ont été cernés.

Témoignages d'utilisateurs du référentiel numérique du Hub KIX Africa 19.Témoignages d'utilisateurs du référentiel numérique du pôle Afrique 19 du KIX.

 

Les bonnes idées se propagent rapidement

Comme les avantages de cette banque de connaissances deviennent évidents pour les membres de ce pôle du KIX, certains pays reproduisent cette approche au niveau national. Au Malawi, où toutes les politiques doivent être fondées sur des données probantes, l’idée d’un dépôt est parfaitement logique. C’est une bonne chose, mais M. Zimpita estime que cette directive leur a lancé un grand défi. « Nous devons avoir accès à toutes les connaissances générées dans le pays en matière d’éducation ainsi que dans d’autres secteurs clés », déclare-t-il. 

« Notre participation à l’initiative du KIX a été bénéfique car nous avons maintenant une idée de ce que nous devons mettre en place : quelque chose de similaire au Dépôt numérique du pôle Afrique 19. Un ‘guichet unique’ contribuera grandement à répondre à l’appel du gouvernement en faveur de l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. L’information dont nous avons besoin sera accessible d’un simple clic, alors qu’actuellement, nous devons nous rendre dans différents ministères afin de recueillir des renseignements pour une seule communication », explique M. Zimpita.

« Au ministère, nous avons un défi à relever concernant la mise en commun de l’information, car les données ne sont pas correctement partagées. C’était le silence au niveau des données », dit Joy Hara, économiste en chef du Département du suivi et de l’évaluation du MoEST. Aujourd’hui, en collaboration avec des fonctionnaires du ministère ainsi qu’avec d’autres ministères pertinents et les experts en technologie de l’information gouvernementale, le MoEST a entamé le « processus d’élaboration d’une plateforme numérique qui rassemblera les ressources actuellement fragmentées de différentes parties de l’appareil gouvernemental et les rendra facilement accessibles », ajoute M. Hara. Celui-ci est persuadé qu’un portail contenant de l’information et des indicateurs clés pour le pays facilitera une plus grande interaction et l’apprentissage fondé sur les pratiques exemplaires et sur les défis auxquels d’autres entités ont été confrontées.

Des défis à relever

Le Dépôt numérique qui a été créé par le pôle Afrique 19 du KIX fait face à un certain nombre de défis. Selon des parties prenantes, « une mauvaise connectivité Internet limite l’accès aux ressources, même pour les utilisateurs institutionnels, à l’échelle de l’Afrique ». Au Malawi, par exemple, l’accès à Internet est intermittent pour la majorité des gens, et avec les coupures de courant, l’accès aux dépôts numériques en ligne peut être une source de frustration.

La sensibilisation à l’existence des nouveaux services numériques est encore faible, mais une campagne de visibilité est en préparation. Les défis posés par la pandémie de COVID-19 ont montré la nécessité de disposer de ressources numériques accessibles à un plus grand nombre de personnes, où qu’elles se trouvent. Le Groupe de la Banque mondiale réclame des mesures d’urgence pour combler le fossé de l’accès à Internet en Afrique, tandis que des programmes comme le KIX continuent de repousser les limites de ce qui est possible en ce qui a trait à la mise en commun de l’information et au pouvoir que cela apporte.