Isaac*, un garçon de 8 ans, a commencé à fréquenter un centre d’apprentissage précoce à domicile dans le district de Buikwe, en Ouganda, alors qu’il pouvait à peine s’asseoir ou marcher. Il avait besoin d’être guidé physiquement pour manger, boire ou avaler de la nourriture et passait ses journées allongé. Après trois jours au centre, les personnes soignantes ont remarqué qu’Isaac commençait à sourire aux autres enfants. Deux semaines plus tard, il était assis, il réalisait des progrès en vue de marcher et il marmonnait des sons afin de communiquer avec d’autres enfants. Il a également commencé à sourire couramment. Après un an de participation assidue au centre, il joue désormais librement, participe à d’autres activités d’apprentissage et communique avec les enfants et les adultes. Les parents d’Isaac sont désormais les plus fervents défenseurs du nouveau centre d’apprentissage précoce à domicile, qu’il fréquente régulièrement. Avant la création du centre, Isaac était à la maison et n’avait pas accès à un centre d’éducation de la petite enfance (EPE).
Le Projet d’apprentissage précoce inclusif à domicile (IHELP) a aidé Isaac et de nombreux enfants présentant des délais en matière de développement, des handicaps ou issus de milieux à faibles ressources à accéder à l’apprentissage précoce. Il s’agit de l’une des initiatives du Programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) qui vise à contribuer au corpus croissant de données probantes au sujet des programmes d’apprentissage précoce à domicile pour tous les enfants, y compris les enfants en situation de handicap et les enfants des communautés rurales en Ouganda, au Kenya et au Zimbabwe. L’objectif de la recherche est de générer des connaissances sur la façon d’adapter et de mettre à l’échelle les initiatives d’apprentissage précoce inclusif, de renforcer les capacités des parents, des personnes soignantes et des communautés à fournir un apprentissage précoce, et de travailler en étroite collaboration avec les parties prenantes de l’éducation en mobilisant les connaissances pour l’adoption de politiques en faveur de l’apprentissage précoce, en particulier dans les contextes où les possibilités d’éducation de la petite enfance sont insuffisantes.
L’initiative IHELP est un modèle de collaboration
L’initiative IHELP mobilise les parents, les communautés, le personnel enseignant formé et non formé et les gouvernements à répondre aux besoins des enfants, en particulier des enfants ayant des besoins particuliers. Le modèle à domicile exige que les familles se portent volontaires pour offrir un espace dans leur maison aux enfants qui n’ont pas accès aux centres d’EPE officiels pour diverses raisons. Le programme d’apprentissage s’articule autour d’une routine hebdomadaire de cinq jours au cours de laquelle les parents et le personnel enseignant font participer les enfants à des activités de jeu et d’apprentissage, et leur fournissent des repas. Entre autres résultats, ce projet de recherche, dans sa première année, a soutenu la création de plus de 30 centres d’apprentissage précoce à domicile en Ouganda, au Kenya et au Zimbabwe, augmentant ainsi l’accès des enfants aux activités d’apprentissage précoce. Cette occasion est non seulement importante pour le développement holistique des enfants, mais elle permet également de s’assurer qu’ils sont visibles pour les gouvernements locaux et les systèmes de données du ministère de l’Éducation. L’équipe du projet œuvre également en étroite collaboration avec les fonctionnaires du ministère de l’Éducation à l’échelle du district pour organiser des formations à l’intention des parents et des personnes soignantes, soutenir la création des centres et collaborer avec les fonctionnaires des départements des besoins spéciaux, sous l’égide du gouvernement local ougandais, pour effectuer des évaluations et orienter les enfants en situation de handicap et de délais en matière de développement. À l’échelle nationale, le projet mobilise le ministère de l’Éducation à réviser et institutionnaliser l’apprentissage par le jeu dans le programme d’enseignement de l’EPE en Ouganda.
Pourquoi est-il important d’inclure tous les enfants dans l’apprentissage précoce?
Dans le monde, des millions d’enfants présentant des risques, des difficultés et des handicaps liés au développement ne réalisent pas tout leur potentiel. L’EPE offre des possibilités de participation stimulante, visant à prévenir les délais en matière de développement et à favoriser l’acquisition de compétences. Cependant, les enfants en situation de handicap ou de délais en matière de développement précoce, comme Isaac, risquent de passer à côté, alors que ce sont les enfants pour lesquels l’éducation de la petite enfance présente certains des plus grands avantages. Il est important de reconnaître que ce groupe d’enfants a des besoins en matière de soutien élevés et que cette dépendance, en plus d’autres obstacles sociaux et économiques, peut imposer un stress considérable aux personnes qui s’en occupent. Afin de répondre aux besoins des enfants en situation de handicap, il faut adopter une approche globale comprenant le dépistage précoce, l’évaluation et la planification de l’intervention précoce, la fourniture de services et le suivi. En Ouganda, au Kenya et au Zimbabwe, comme dans de nombreux pays d’Afrique, les investissements dans l’apprentissage précoce des enfants en situation de handicap et des enfants issus de communautés rurales et marginalisées sont faibles. De plus en plus de données probantes révèlent que les approches à domicile sont bien placées pour répondre aux besoins des enfants qui rencontrent les plus grands obstacles pour accéder aux possibilités d’apprentissage précoce, y compris ceux qui sont en situation de handicap et de délais en matière de développement. Les approches de l’EPE à domicile sont adaptées aux besoins des familles les plus vulnérables ou socialement marginalisées et offrent aux parents et aux enfants un environnement sûr pour apprendre et jouer ensemble sans devoir quitter leur domicile ou sortir de leur quartier.
Ce que nous avons appris
Le cas d’Isaac et de nombreux autres enfants réaffirme que tous les enfants ont besoin d’un environnement stimulant dans les premières années de leur vie pour les aider à libérer leur potentiel et faire face aux handicaps auxquels ils peuvent être confrontés dans les premières années. Nous savons que l’apprentissage précoce doit être abordé de manière systémique afin de tirer pleinement parti des diverses initiatives et ressources gouvernementales et communautaires. Grâce à ce projet, nous comprenons comment l’apprentissage précoce inclusif à domicile peut renforcer l’autonomie des enfants et de leurs familles lorsque les communautés, les gouvernements et les autres institutions font partie du processus. Nous reconnaissons l’importance de la formation des personnes soignantes et de la communauté et de l’équipement des centres en ressources de jeu et d’apprentissage. Nous continuons à collaborer avec le ministère de l’Éducation et les gouvernements locaux en vue de créer davantage de centres d’EPE à domicile dans le cadre d’un système de prestation mixte pour l’éducation de la petite enfance. Enfin, une optique d’équité, avec un accent particulier sur l’inclusion, fait partie intégrante de la réussite des approches à domicile et des autres formes d’apprentissage précoce.
*Nom modifié pour des raisons de confidentialité