La transformation numérique de l’éducation au Tadjikistan
Le gouvernement du Tadjikistan s’appuie sur les conclusions de la recherche menée par le GPE KIX pour intégrer des outils numériques dans les programmes scolaires nationaux, améliorer les programmes de formation des enseignants, et étendre la connectivité aux zones rurales et mal desservies, en orientant l’élaboration d’interventions ciblées afin de combler le fossé numérique.

En janvier 2025, le président de la République du Tadjikistan a déclaré la période 2025-2030 comme étant les « Années du développement de l’économie et des innovations numériques ».
Le « Concept de la transition vers une éducation numérique et la stratégie nationale pour le développement de l’éducation pour 2020-2030 » reflète ainsi l’accent mis par le gouvernement sur l’expansion de l’apprentissage numérique.
Les cadres politiques reconnaissent le potentiel de l’éducation à distance pour promouvoir à la fois la numérisation de l’éducation et l’égalité. Toutefois, le Tadjikistan a très peu exploité l’enseignement à distance pendant la pandémie de COVID-19, rendant, dans une large mesure, les engagements politiques non éprouvés.
Cette initiative nécessitera des investissements importants, une collaboration étroite et des innovations pour être menée à bien.
Les partenariats public-privé seront essentiels pour combler le déficit en matière d'infrastructures, tandis que l’appui technique et le soutien au renforcement des capacités fournis par les organisations internationales joueront un rôle déterminant.
Les enseignements, les données probantes ainsi que des recherches plus approfondies permettront de garantir l’efficacité des politiques et des programmes, ainsi que leur adaptabilité aux besoins éducatifs en constante évolution.
Alors que le Tadjikistan entame ce parcours ambitieux, le GPE appuie la transformation de son système éducatif par le biais de son Initiative d'appui technique et du Programme de partage de connaissances et d’innovations (GPE KIX).
Ce que le Tadjikistan a appris sur l’éducation numérique durant la pandémie
Bien que le Tadjikistan n’ait pas connu de fermetures d’écoles prolongées pendant la pandémie de COVD-19, le pays a néanmoins été confronté à des défis uniques par rapport à ses pays voisins, en raison d’investissements limités dans les infrastructures numériques et de coûts élevés de connectivité.
En 2021, le Tadjikistan était classé 129e en termes de vitesse de débit internet mobile, et 104e en vitesse de connexion haut-débit, ce qui en fait l’un des pays les moins bien connectés sur le plan numérique.
Un projet de recherche sur l’éducation numérique, soutenu par le GPE KIX, a identifié les défis et les enseignements suivants :
La nécessité d’assurer la durabilité des infrastructures numériques
Bien que des solutions d’urgence aient été mises en place pendant la pandémie, la pérennité à long-terme nécessite des investissements importants dans l’extension des réseaux haut-débit, l’accès abordable à internet et la modernisation des équipements techniques.
Si les smartphones ont permis d’accéder à certaines opportunités d’apprentissage à distance pendant la pandémie, leur utilité s’est révélée limitée en raison des coûts élevés des données mobiles et du manque d’applications pédagogiques adaptées.
La formation des enseignants est indispensable au succès de l’apprentissage numérique
De nombreux enseignants n’avaient pas les compétences numériques suffisantes.
Les programmes de formation continue des enseignants doivent intégrer des modules sur les technologies de l’information et de la communication afin de garantir qu’ils soient en mesure d’utiliser les outils numériques efficacement : seuls 56 % des enseignants à Douchanbé avaient accès à internet à l’école, tandis que dans d’autres régions, l'accès était bien plus faible, allant de 9 % à 25 %.
Certaines écoles étaient dotées d’outils numériques mais leur utilisation était limitée en raison d’un entretien insuffisant et du manque de formation des enseignants.
L’équité doit être un pilier central des stratégies d’éducation numérique
Les populations vulnérables, notamment les filles, les minorités ethniques ainsi que les élèves vivant dans des zones reculées, nécessitent des politiques ciblées afin de réduire les inégalités d'accès au numérique.
Des subventions pour l'accès à internet, la fourniture d’appareils numériques et la création de contenus pédagogiques adaptés au contexte local peuvent contribuer à réduire ces écarts.
65 % des filles scolarisées vivant dans des zones rurales ont indiqué rencontrer des difficultés à accéder aux ressources pédagogiques en ligne en raison de leurs tâches domestiques, par rapport à 40 % dans les zones urbaines.
Si la technologie ne peut, à elle seule, résoudre de tels défis ancrés dans les normes de genre et les responsabilités du foyer, elle apporte néanmoins un soutien en offrant des formats d’apprentissage plus flexibles et accessibles.
Dans le même temps, 70 % des élèves situés dans des régions reculées n’avaient pas accès à une connexion internet stable, soulignant la nécessité d’améliorer les infrastructures.
Les barrières linguistiques ont également posé des défis importants pour les élèves issus de minorités ethniques ; seuls 30 % de ceux qui ont été interrogés avaient accès à des contenus pédagogiques dans leur langue maternelle.
Relever les défis liés à l’équité nécessite non seulement des solutions technologiques, mais aussi des politiques ciblées, un soutien social ainsi que des approches pédagogiques adaptées au contexte culturel.
La mobilisation des parents et de la communauté est primordiale
Renforcer les compétences numériques des parents ainsi que l’implication de la communauté peut créer un environnement d’apprentissage plus favorable et améliorer les résultats d’apprentissage des élèves.
Les modèles d’apprentissage hybrides peuvent renforcer la résilience
Les approches d’apprentissage mixtes, combinant un enseignement en présentiel avec des ressources numériques, offrent une certaine flexibilité ainsi qu’une continuité des apprentissages en temps de crise.
Le ministère de l’Éducation et des Sciences a contribué activement au projet de recherche en fournissant des orientations politiques, un soutien en matière d’infrastructures, et en facilitant la coordination entre les parties prenantes.
Développer une éducation numérique équitable et inclusive fondée sur des données probantes
Le gouvernement s’appuie sur les conclusions de la recherche menée par le GPE KIX pour intégrer des outils numériques dans les programmes scolaires nationaux, améliorer les programmes de formation des enseignants, et étendre la connectivité aux zones rurales et mal desservies, en orientant l’élaboration d’interventions ciblées afin de combler le fossé numérique.
Pour soutenir ces efforts, le GPE, en collaboration avec l’UNICEF et l’EdTech Hub, accompagne le ministère de l’Éducation du Tadjikistan dans le lancement de l’Initiative d’appui technique pour la technologie au service de l’éducation.
Cette initiative fournit un soutien ciblé et à la demande au ministère de l’Éducation afin de tirer parti de la technologie pour améliorer l'accès à l’éducation ainsi que les résultats à grande échelle.
Au cours des 18 prochains mois, le ministère de l’Éducation bénéficiera d’un soutien pour coordonner la mise en œuvre des programmes d’éducation numérique, élaborer un plaidoyer pour l’investissement dans la numérisation des écoles et rassembler des données probantes sur les approches les plus rentables pour connecter les écoles à internet.
Le Groupe de référence mondial, en tant que plateforme de partage de connaissances et d’expériences entre les pays partenaires du GPE, apportera des conseils stratégiques sur les opportunités permettant de maximiser l’impact potentiel de ces activités.
L’initiative est également en phase pilote au Ghana, et une extension est prévue à six pays supplémentaires d’ici la fin de l’année, grâce à une contribution de 4 millions de dollars du Japon.