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Faire progresser l’équité de genre et l’inclusion sociale au Pakistan et au Bangladesh : conclusions de la recherche en éducation

Ce billet de blogue s’appuie sur les discussions menées lors du webinaire 19 du Pôle Europe de l’Est, Moyen-Orient et Afrique du Nord, Asie et Pacifique (EMAP) du programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) intitulé « Faire progresser l’équité de genre et l’inclusion sociale : Recherche en éducation fondée sur des données probantes en Asie du Sud, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord » tenu le 27 mars 2024 avec des conférencières et conférenciers du Bangladesh et du Pakistan.  

Par: Rokeya Akhter, Zahid Majeed, Zahida Batool | Posted:
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Filles dans l’une des écoles du projet au Pakistan.
Crédit
Zahid Majeed, Pakistan | Filles dans l’une des écoles du projet au Pakistan (Renforcement de la direction des écoles en vue d’améliorer leur résilience) 

L’équité de genre et l’inclusion sociale sont essentielles à la réalisation de systèmes d’éducation équitables, inclusifs et résilients adaptés au XXIe siècle. Les innovations et les données probantes issues de la recherche jouent un rôle important dans la promotion de l’inclusion dans et par l’éducation. Les conférencières et conférenciers du webinaire 19 du Pôle EMAP du KIX ont exploré des exemples de recherche fondée sur des données probantes au Bangladesh et au Pakistan qui contribuent à renforcer les systèmes d’éducation en ayant un impact direct sur l’équité de genre et l’inclusion sociale. Le webinaire a soulevé de nombreuses questions du public concernant un éventuel transfert à d’autres pays ​d’Asie du Sud, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.​ 

Enfants non scolarisés du Pakistan : déterminer les besoins locaux et accroître l’inclusion 

Le Pakistan se classe au deuxième rang mondial quant au nombre d’enfants non scolarisés, avec 22,8 millions d’enfants concernés (UNICEF, 2020). Ces enfants​ non scolarisés varient en ce qui concerne ​le statut socioéconomique, le genre, la langue, la culture et ​les divisions rurales-urbaines​​. Il peut s’agir d’enfants​ de la rue ou qui travaillent,​ de minorités​, ou​ d’enfants​ ayant des besoins particuliers. La ​diversité des circonstances auxquelles sont confrontés les enfants ​non scolarisés présente un défi important pour le gouvernement et la société afin d’inclure tous ces enfants dans l’​enseignement formel.​​

Une initiative visant à relever ce défi est menée par l’Université ouverte Allama Iqbal, avec le soutien de l’initiative du GPE KIX Les dirigeants scolaires en tant qu’agents du changement vers l’équité et l’inclusion.​ L’initiative​ visait à inclure les enfants non scolarisés dans le système d’éducation grâce au soutien des responsables d’établissement. Dans les écoles pakistanaises, les responsables d’établissement sont les agentes et agents de changement responsables de la mise en œuvre de toutes les politiques​.​ Cependant, le projet de recherche a révélé que bon nombre des responsables d’établissement n’ont pas pleinement conscience du concept plus large d’inclusion. Ils ou elles assimilent souvent l’inclusion uniquement aux mesures d’adaptation pour les enfants ayant un handicap. Il est essentiel que les responsables d’établissement reconnaissent qu’ils ou elles ont une population étudiante diversifiée avec des besoins variés, tels que des contraintes financières, ​des défis​ liés au genre ou des barrières linguistiques. Il est essentiel de cerner et de répondre à tous ces besoins. 

Le projet de recherche du GPE KIX a offert aux responsables d’établissement un cours ouvert sur l’éducation inclusive et a mis sur pied des communautés d’amélioration en réseau (CAR) qui réunissent des groupes de responsables d’établissement pour en apprendre davantage sur les défis en matière d’inclusion et en discuter. Grâce au cours ouvert et à ces CAR, les participantes et participants ont appris à cerner leurs problèmes locaux au moyen d’une analyse de l’arbre à problèmes et à élaborer leurs propres modèles de solution à l’aide du cycle Planifier-Faire-Étudier-Agir. Le projet a produit quatre résultats dignes de mention :

  1. les responsables d’établissement ont élaboré un concept d’éducation inclusive englobant;
  2. le réseautage entre les responsables d’établissement et les différentes parties prenantes s’est accru;
  3. ​les responsables ​​d’établissement ont élaboré​ leurs propres solutions ​à l’aide des ​ressources disponibles;
  4. ​l’inscription des filles et ​l’inclusion des enfants qui travaillent, des enfants de la rue, des enfants réfugiés et des enfants issus de groupes minoritaires ont augmenté. 

​​À l’avenir, l’équipe du projet cherche à étendre ses efforts à d’autres provinces du Pakistan.

Responsables d’établissement du Pendjab : le rôle essentiel de la promotion d’un environnement d’enseignement inclusif 

En ce qui concerne la promotion de l’équité et de l’inclusion sociale dans le système d’éducation du Pendjab, le principe fondamental est simple : chaque élève, quels que soient ses antécédents ou sa situation, mérite un accès égal à une éducation de qualité et à des possibilités de réussite scolaire.Accroître l’inclusion ​signifie s’attaquer aux obstacles systémiques, à la discrimination et aux disparités. Bien que les taux d’inscription du Pendjab indiquent que 50,79% des élèves inscrits sont des filles, dans certaines régions, en particulier dans le sud du Pendjab, les filles​ ne sont pas assurées d’avoir les​ mêmes possibilités d’éducation que les garçons. 

​​La direction des écoles ​joue un rôle essentiel pour surmonter les obstacles et promouvoir un environnement d’enseignement inclusif. Le programme Schools Connect (un projet collaboratif du British Council et de QAED Punjab) a été spécialement conçu pour soutenir les efforts d’inclusion du Pendjab en renforçant la direction des écoles. ​Un​​ ​cadre axé sur la réduction des lacunes en matière de leadership, l’établissement de visions et d’objectifs clairs, le maintien d’une culture scolaire positive, le soutien de pratiques d’enseignement efficaces et la promotion de l’inclusion​ a été mis en œuvre pour les directrices et directeurs d’école​. Les résultats ont révélé que 87 % des directrices et directeurs d’école du programme ont intégré avec succès des pratiques inclusives dans l’exécution de leurs projets. Ces progrès, bien qu’à échelle variable, indiquent une grande avancée vers la sensibilisation et l’inclusion. Les principales stratégies comprennent des campagnes de mobilisation et de sensibilisation de la communauté, qui ont encouragé la participation des parents et sensibilisé les élèves et le personnel à adopter la diversité. ​Bien que ​des contraintes telles que les ressources limitées, la résistance au changement et le besoin de perfectionnement professionnel continu existent toujours, ​le projet sert de guide précieux pour les décisionnaires et les patriciennes et praticiens en éducation​ qui s’efforcent de créer un environnement d’enseignement inclusif au Pendjab. 

Décrochage scolaire au Bangladesh : une approche multidimensionnelle pour réduire les risques 

Au Bangladesh, la lutte contre les taux de décrochage scolaire nécessite une approche ​multidimensionnelle, car ​la disparité entre les genres persiste profondément ​dans les normes sociétales​. Par exemple, les filles se heurtent souvent à des obstacles sociaux qui réduisent leurs possibilités d’éducation et les poussent vers le mariage précoce, ce qui entraîne un taux élevé de décrochage chez les adolescentes (Sarkar, Hossain et Reza, 2014). 

Le projet de recherche du GPE KIX Efficacité et potentiel de mise à l’échelle de programmes destinés aux enfants non scolarisés et à risque au Bangladesh, au Bhoutan et au Népal illustre de multiples éléments novateurs conçus pour garder les élèves à l’école et engagés. L’une de ces composantes est le perfectionnement du personnel enseignant, où ils et elles reçoivent une formation sur les méthodes d’enseignement expérientielles des STIM, ​afin d’accroître​​​ l’engagement des élèves. Une autre composante est le suivi de l’assiduité, où les enseignantes et enseignants mettent à jour les registres scolaires et cernent rapidement les tendances en matière d’absentéisme. La troisième composante est un environnement scolaire positif, ​mis sur pied​ grâce à des séances de sensibilisation. Des séances distinctes avec les enseignantes et enseignants, les élèves et les parents portent sur des sujets tels que la santé, la nutrition, l’hygiène menstruelle, la santé reproductive, la prévention du mariage d’enfants, l’intimidation et l’inclusion. Une autre composante met l’accent sur une meilleure participation des parents, les éducatrices et éducateurs effectuant des visites mensuelles à domicile pour comprendre les obstacles à l’assiduité et offrir du soutien. De plus, une communication régulière avec les parents des élèves absents favorise une approche collaborative pour la résolution de problèmes. Le dernier volet consiste à améliorer la motivation des élèves grâce à l’utilisation de cartes d’autosurveillance, qui permettent aux élèves de suivre activement leur présence ​pour​ favoriser un sentiment de ​responsabilité personnelle​. Les élèves qui ont une meilleure assiduité sont reconnus et récompensés, ce qui encourage la fréquentation scolaire régulière.

La combinaison de la formation du personnel enseignant, de la création d’un environnement favorable, de la participation des parents, de la motivation des élèves et du suivi de l’assiduité a eu des effets positifs sur la réduction des taux de décrochage scolaire.Les évaluations ont souligné l’importance de chaque facteur, renforçant l’efficacité de l’approche holistique pour lutter contre le décrochage scolaire. 

​​Réflexions​​ et conclusions​ 

​​La promotion de l’équité de genre et de l’inclusion sociale nécessite un effort concerté de la part de toutes les parties prenantes​. Ces trois projets ont mis en évidence la valeur de l’engagement des parties prenantes. Deux des projets ont impliqué les directrices et directeurs d’école et tous ont reconnu qu‘il faut un engagement communautaire plus large d’une manière ou d’une autre. Toutefois, ces contextes ne sont pas sans contrainte. Ces projets montrent l’importance de comprendre les obstacles spécifiques au contexte de l’équité de genre et de l’inclusion sociale et de mettre à profit les parties prenantes clés pour créer des changements positifs.​​ 

​​Dans l’ensemble, ces projets soulignent que ​​grâce​ à un leadership collaboratif, à des méthodes d’enseignement novatrices, à l’engagement communautaire et à l’inclusion, des progrès importants peuvent être réalisés pour garantir que chaque enfant ait accès à une éducation de qualité. Les exemples du Pakistan et du Bangladesh servent d’inspiration à d’autres pays confrontés à des défis similaires, démontrant qu’avec les bonnes stratégies locales et de l’engagement, des progrès significatifs sont possibles. 

Ce travail a été soutenu par le programme Partage de connaissances et d’innovations du Partenariat mondial pour l’éducation, une initiative conjointe avec le Centre de recherches pour le développement international (Canada). 

Références : 

Sarkar, R. K., Hossain, E. et Reza, M. (2014). Socio Cultural Barriers of Girls’ Educational Attainment. Antrocom Online Journal of Anthropology, 10(2), 349-358. DOI : 10.5281/zenodo.6789192 

UNICEF. (2020). Situation Analysis Update 2020: Children in Pakistan. https://www.unicef.org/pakistan/documents/situation-analysis-update-2020-children-pakistan