L’année dernière a marqué une période de perturbation de l’éducation jamais vue auparavant à l’échelle mondiale, passant de 258 millions d’enfants non scolarisés à un chiffre stupéfiant de 1,6 milliard. Les technologies éducatives, ou « EdTech » en anglais, ont été largement mises en avant comme un moyen potentiel d’endiguer le récent déclin du progrès vers le quatrième objectif de développement durable. Dans le cadre de War Child Holland, l’attention s’est tournée vers Can’t Wait to Learn, un programme d’apprentissage par jeu sur tablette, et vers l’innovation au coeur de notre partenariat avec le Programme Partage de connaissances et d’innovations du Partenariat mondial pour l’éducation (KIX). Par l’intermédiaire du projet financé par le KIX, Favoriser l’impact au moyen de technologies éducatives novatrices : forger des liens entre les politiques, la recherche et la pratique, War Child Holland combine la recherche expérimentale, l’exécution, la recherche participative et la recherche des politiques pour générer des connaissances et des données probantes sur la façon d’adapter et d’étendre les programmes de technologies éducatives dans les pays touchés par des conflits.
Qu’est-ce que le programme Can’t Wait to Learn?
Le programme Can’t Wait to Learn s’appuie sur près de dix ans de recherche et a été conçu pour la première fois en 2012 par l’Université Ahfad pour les femmes, War Child Holland et le Netherlands Organisation for Applied Scientific Research (TNO). Le jeu Can’t Wait to Learn, actuellement disponible pour la lecture et la numératie, combine un univers de jeu, des mini-jeux et des vidéos éducatifs. Les vidéos aident les enfants à progresser dans les mini-jeux, qui consistent en des tâches et des défis variés, et ainsi à déverrouiller l’univers de jeu, les récompenses et les histoires. Le programme Can’t Wait to Learn a été initialement conçu pour atteindre le grand nombre d’enfants non scolarisés au Soudan, actuellement estimé à plus de 3 millions d’enfants. Depuis lors, War Child Holland a travaillé avec des gouvernements, des organisations non gouvernementales nationales et internationales, des organismes communautaires et des organismes des Nations Unies afin d’équilibrer la conception, le contenu et le modèle d’exécution localisés avec l’extensibilité. Le programme Can’t Wait to Learn se prête bien à de nombreuses stratégies nationales en matière d’éducation; il est actuellement exécuté au Liban, en Jordanie, au Tchad, au Soudan et en Ouganda, dans le cadre de l’éducation formelle et non formelle.
Recherche sur le programme Can’t Wait to Learn au Soudan
La collaboration avec les gouvernements a toujours été le fondement de la conception du programme Can’t Wait to Learn, depuis l’élaboration et l’approbation des programmes d’études du jeu jusqu’aux partenariats de recherche et à l’exécution. Grâce au KIX, cependant, nous cherchons à forger des racines plus larges et plus profondes, à promouvoir l’utilisation de preuves et de données dans l’élaboration et l’application de politiques et de pratiques éducatives. Au Soudan, notre travail avec le KIX est soutenu par Hesham Elsunni, Ph. D., professeur assistant à l’Université de Khartoum et membre actif du comité des technologies de l’information et de la communication dans l’éducation, dirigé par le ministère de l’Éducation. En six mois seulement, le plaidoyer passionné du M. Elsunni en faveur de politiques et de pratiques fondées sur des données probantes a déjà eu un impact significatif, notamment en assurant des sièges au conseil de la faculté d’éducation de l’Université de Khartoum à deux membres du National Council for Literacy and Adult Education. Cela facilitera la communication des priorités, des défis et des possibilités entre le gouvernement et l’Université de Khartoum. De manière plus générale, nous apprenons comment un établissement public et universitaire peut mieux aider le gouvernement à déterminer les investissements les plus rentables pour parvenir à une éducation de qualité pour tous.
Recherche sur le programme Can’t Wait to Learn en Ouganda
En Ouganda, nous adoptons une approche différente. Nous utilisons les fonds du KIX pour mettre au point et évaluer une intervention visant à renforcer la collaboration des personnes qui s’occupent des enfants et des collectivités dans l’éducation des enfants, en particulier pour accroître l’équité en matière d’inscription, de fréquentation et de rétention. Nous avons déterminé cette priorité sur la base de recherches antérieures sur le programme Can’t Wait to Learn, qui a mis en évidence la faible fréquentation et le taux élevé d’abandon scolaire comme un problème auquel sont confrontés de nombreux pays. Ces facteurs limitent le potentiel du programme à stimuler les résultats d’apprentissage et constituent un obstacle important à l’optimisation des ressources.
Par ailleurs, nos recherches ont démontré qu’il existe une demande et un besoin importants pour une participation accrue des personnes qui s’occupent des enfants dans l’éducation, en particulier pendant la pandémie actuelle. Bien que la participation des parents soit depuis longtemps reconnue comme un élément nécessaire à l’apprentissage des enfants, de nombreux gouvernements comptent désormais sur les parents pour assumer le rôle des enseignants alors que les écoles restent fermées en raison de la COVID-19. Pour y contribuer, le programme Can’t Wait to Learn fait partie de la réponse éducative à la COVID-19 de War Child Holland, offerte dans les foyers pour enfants, parallèlement aux ressources destinées aux membres de la famille pour aider les enfants à apprendre. À une époque où les écoles ougandaises sont fermées depuis 12 mois et plus, il est plus que jamais nécessaire de soutenir le rôle central des personnes qui s’occupent des enfants dans l’éducation.
Recherche sur le programme Can’t Wait to Learn au Tchad
Enfin, notre travail au Tchad, financé par le KIX, se concentre sur l’établissement de normes de qualité minimales et de mécanismes d’assurance qualité pour soutenir l’impact durable du programme Can’t Wait to Learn à la mise à l’échelle. Cela est conforme à la stratégie de mise à l’échelle de War Child Holland, notre Feuille de route pour l’impact (en anglais). Menée en partenariat avec le Jesuit Refugee Service, une évaluation récente d’une formation d’enseignants sur le programme Can’t Wait to Learn à Goz Beida, dans l’est du Tchad, a conduit à la mise au point d’outils qui mesurent les attitudes, les connaissances et les compétences des enseignants participants. En appliquant les leçons apprises d’un autre projet de recherche de War Child Holland, qui démontre la supériorité de la formation axée sur les compétences par rapport à la conception standardisée de la formation, nous explorons comment utiliser ces outils pour garantir non seulement que la formation et les compétences des enseignants qui en résultent répondent à des normes de qualité minimales, mais aussi comment les outils peuvent être utilisés pour adapter la formation des enseignants afin de combler les lacunes des participants en matière de connaissances ou de compétences. Nos efforts pour accroître la qualité et l’efficacité de la formation des enseignants sont tout à fait conformes aux priorités du gouvernement national et des autres acteurs de l’éducation au Tchad, où les données les plus récentes (à partir de 2013) indiquent qu’un tiers des enseignants du primaire ne sont pas formés.
Nos recherches soutenues par le KIX visent à explorer, étendre et intégrer les rôles des multiples parties prenantes, telles que les personnes qui s’occupent des enfants, les collectivités, les enseignants et les éducateurs, les établissements universitaires, les organismes d’exécution et les décideurs politiques, afin d’offrir une éducation durable et la fourniture de programmes de technologies éducatives fondés sur des données probantes. Dans l’ensemble, nous nous efforçons de générer une compréhension holistique de ce qui fonctionne et de ce qui est encore nécessaire de faire, des politiques à la pratique, afin de répondre au besoin immédiat et à long terme d’une éducation sûre et de qualité pour tous.