Mettre à l’échelle l’apprentissage précoce inclusif pour les enfants sourds : Coup d’envoi au Rwanda

Des millions d’enfants sourds dans toute l’Afrique doivent surmonter de grands obstacles pour accéder à une éducation de qualité. Sans espace d’apprentissage inclusif, bon nombre d’entre eux sont exclus de l’éducation de base, ce qui leur laisse des possibilités limitées de développement personnel et d’intégration sociale. Les programmes d’éducation et de protection de la petite enfance (EPPE) manquent souvent de ressources, de personnel enseignant formé et de matériel accessible nécessaires pour soutenir les apprenant-e-s sourd-e-s. Les parents et les responsables des enfants peinent également à créer des environnements favorables à la maison en raison d’un manque de sensibilisation et de compétences en langue des signes. Cette exclusion limite non seulement le potentiel des enfants sourds, mais perpétue les cycles d’inégalité et d’isolement social.
Lors de l’événement Mettre à l’échelle l’apprentissage précoce inclusif pour les enfants sourds : coup d’envoi au Rwanda, les parties prenantes de l’OpenDevEd, de Royal Dutch Kentalis et du Busara Center for Behavioral Economics, ainsi que du Conseil de l’éducation du Rwanda (REB) et de l’Agence nationale pour le développement de l’enfant (NCDA), se sont réunies pour lancer un projet révolutionnaire conçu pour s’attaquer à ces défis. Soutenue par le programme Partage de connaissances et d’innovations du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE KIX) – un effort conjoint avec le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) – cette initiative de 33 mois intitulée Mettre à l’échelle l’éducation inclusive de la petite enfance et la préparation à l’école grâce à des environnements intégrant le langage des signes pour les enfants sourds couvre le Rwanda, le Kenya et le Malawi. Son objectif est de créer et d’étendre des environnements riches en langues des signes dans les écoles et les foyers, répondant aux besoins uniques des apprenant-e-s sourd-e-s et de leurs familles. En ciblant l’EPPE et les niveaux primaires inférieurs, le projet vise à améliorer le développement linguistique et socioémotionnel des enfants sourds, à augmenter les inscriptions à l’EPPE et à améliorer la préparation à l’école.
S’exprimant lors du lancement, Frodouard Tuyishimire, gestionnaire de programme à l’Agence nationale pour le développement de l’enfant (NCDA), a exprimé son optimisme quant au potentiel du projet : « Nous sommes heureux que ce projet commence. Grâce à des consultations avec eKitabu, nous visons à nous assurer que cette initiative contribue aux objectifs du gouvernement et soutient les enfants sourds, ne laissant personne de côté. Cette recherche nous communiquera des informations qui s’harmonisent avec les opportunités gouvernementales et font progresser les objectifs de l’Agence nationale pour le développement de l’enfant (NCDA), du REB et du ministère de l’Éducation (MINEDUC). »
Le projet s’appuie sur le succès d’un projet pilote de deux ans au Kenya, qui a démontré le pouvoir de transformation de l’éducation inclusive. Les enfants sourds dans des environnements riches en langues des signes ont montré des améliorations remarquables en matière de communication, de confiance et de résultats d’apprentissage. Le projet repose sur cinq piliers clés : l’intégration de personnel enseignant sourd qui parle couramment la langue des signes, la fourniture de matériel pédagogique accessible, la formation des enseignant-e-s pour mieux soutenir les apprenant-e-s sourd-e-s, l’exécution d’évaluations d’impact et la participation active des parents et des communautés. Ces approches autonomisent non seulement les personnes éducatrices, mais aussi les familles, favorisant un soutien holistique pour les apprenant-e-s sourd-e-s, à la fois à l’école et à la maison.
Crédit : eKitabu
« En créant un environnement inclusif en matière de langue des signes, nous n’enseignons pas seulement aux enfants sourds, mais nous transformons également l’ensemble du paysage éducatif, en veillant à ce que chaque apprenant-e, quelle que soit sa capacité, dispose des outils dont il et elle a besoin pour réussir. » Umutoni Marie, chef de projet.
Alors que le projet s’étend au Rwanda, Kenya et Malawi, il cherche à répondre à des questions cruciales telles que : Comment les environnements EPPE peuvent-ils être contextualisés pour s’adapter à différentes réalités culturelles et systémiques? Quelles stratégies garantissent une mise à l’échelle efficace, équitable et rentable? Quels changements de politique et quels investissements systémiques sont nécessaires pour assurer la durabilité?
Eugene Fixer Ngoga, représentant le Directeur général du Conseil de l’éducation du Rwanda (REB), a clôturé la réunion avec un puissant appel à l’action : « Le gouvernement du Rwanda est heureux de voir que des initiatives comme celle-ci contribuent à l’amélioration de l’éducation des enfants sourds. Cependant, nous reconnaissons qu’il reste beaucoup de travail à accomplir pour parvenir à une éducation véritablement inclusive pour tous les enfants rwandais. Nous demandons à un plus grand nombre d’intervenant-e-s de se joindre à cet effort et de tirer parti des progrès déjà réalisés. »
Le projet Mettre à l’échelle l’éducation inclusive de la petite enfance et la préparation à l’école grâce à des environnements intégrant le langage des signes pour les enfants sourds ne vise pas seulement à répondre aux besoins immédiats des apprenant-e-s sourd-e-s; il s’agit de créer un changement systémique à long terme vers l’inclusion. En mettant à l’échelle des solutions éprouvées et en favorisant la collaboration, ce projet est une étape importante vers un avenir où chaque enfant, quelle que soit sa capacité, peut s’épanouir.