La transformation numérique et l'équité au cœur de l'éducation
La conférence CIES 2025, qui a réuni près de 3 000 spécialistes de l'éducation du monde entier à Chicago en mars 2025, a invité à réfléchir à une question fondamentale : comment pouvons-nous exploiter la transformation numérique pour créer des systèmes d'éducation plus équitables partout dans le monde? Les conversations ont révélé des défis et des approches prometteuses à l'intersection de la technologie, de l'équité, des politiques et des pratiques éducatives.
Le programme Partage de connaissances et d'innovations du Partenariat mondial pour l'éducation (GPE KIX) et ses partenaires ont présenté une série de présentations instructives, qui ont abordé ces questions cruciales, en mettant en évidence les données probantes issues de la recherche du GPE KIX.
Le fossé numérique et la technologie dans l'éducation
Le fossé numérique est apparu comme une préoccupation persistante tout au long des discussions. Les projets de recherche financés par le GPE KIX ont exploré ce défi dans plusieurs contextes, en examinant comment la technologie éducative peut surmonter les obstacles à l'apprentissage tout en reconnaissant les disparités régionales en matière d'accès et d'infrastructure.
L'une des recherches a examiné l'enseignement à distance au Kirghizistan, en Mongolie et au Tadjikistan, en se concentrant sur les expériences pendant la pandémie pour cerner les innovations et les défis liés à la transformation numérique. La recherche a porté une attention particulière aux vulnérabilités liées au genre, à la géographie et à l'appartenance à une minorité ethnique ou linguistique, favorisant l'échange complet de connaissances sur la numérisation rapide des sociétés.
Soulignant l'impact de la recherche sur les politiques, Abduvohid Safarov d'Anahita, qui a dirigé l'équipe de recherche au Tadjikistan, a expliqué leur étroite collaboration avec le ministère de l'Éducation. « Le GPE KIX a joué un rôle clé dans l'organisation d'un atelier de deux jours, qui a réuni toutes les principales parties prenantes du secteur de l'éducation, à l'échelle locale et internationale », a-t-il déclaré. Au cours de cet atelier, l'équipe de recherche a présenté ses données probantes et ses propositions, que le Ministère a bien accueillies. L'une des principales recommandations était d'améliorer l'accès à Internet en éliminant progressivement les réseaux 2G et 3G obsolètes pour passer à la 4G.
Les résultats ont été tangibles. Abduvohid a fait observer que le gouvernement a pris des mesures concrètes. Récemment, le chef du Comité des communications du Tadjikistan a annoncé une réduction de 20 % des coûts Internet à l'échelle nationale et un plan pour étendre la couverture 4G et 5G, en particulier dans les grandes villes. « Ce n'est qu'un exemple de la façon dont la recherche soutenue par le GPE KIX non seulement stimule l'innovation, mais contribue également à façonner les priorités nationales en matière d'éducation au Tadjikistan », a-t-il ajouté.
Au-delà de l'amélioration de l'infrastructure, les discussions lors de la séance Tirer parti des technologies éducatives pour l'enseignement et l'apprentissage équitables à l'ère numérique (en anglais) ont mis en évidence la façon dont les innovations technologiques telles que « Can't Wait to Learn », un programme d'apprentissage numérique et personnalisé, basé sur le jeu, conçu précisément pour les personnes vivant dans des zones touchées par des conflits, peuvent être adaptées et mises à l'échelle pour améliorer l'accès à l'éducation en démontrant leur efficacité, en s'harmonisant avec les priorités nationales et en établissant des relations avec les principales parties prenantes.
« Nous avons posé une question importante : qu'est-ce qu'il fallait pour mettre à l'échelle les technologies éducatives, comme le programme "Can't Wait to Learn", dans des environnements touchés par des conflits et à faibles ressources? », déclare Jasmine Turner de la War Child Alliance (en anglais). « Nous avons appris que ce qui a créé la volonté d'adopter "Can't Wait to Learn", c'est l'harmonisation avec les priorités nationales et les preuves d'efficacité. Nous avons collaboré avec les gouvernements pour élaborer des programmes d'études et du contenu de jeu adaptés à chaque pays. Bien que l'institutionnalisation nationale prenne du temps, nous réalisons une mise à l'échelle ascendante par l'intermédiaire des gouvernements de district. » Cette approche a donné lieu à un modèle de mise en œuvre dirigée par le gouvernement en Ouganda.
Bien que les outils numériques offrent de nouvelles possibilités pour améliorer l'accès à l'éducation, lors de la séance Intégration des pratiques autochtones et des outils numériques dans l'éducation de la petite enfance en Afrique (en anglais), les chercheures et chercheurs ont souligné l'importance de l'innovation technologique pour compléter plutôt que remplacer les approches adaptées à la culture, en particulier l'intégration des pratiques autochtones africaines aux outils numériques qui honorent les systèmes de connaissances autochtones.
Prise en compte de l'équité dans la transformation de l'éducation
Outre l'accès numérique, la question de l'équité est demeurée au cœur de la conférence. La séance N'oubliez pas les garçons : l'équité en matière d'éducation dans les contextes des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (en anglais) a souligné que si la promotion de l'égalité des genres dans l'éducation se concentre souvent sur les filles, il est tout aussi essentiel de veiller au maintien de la scolarisation des garçons issus de communautés marginalisées. Les conclusions du projet du GPE KIX intitulé Lever les barrières : des garçons instruits pour l'égalité des genres ont été discutées, notamment comment s'attaquer au décrochage scolaire des garçons au moyen d'un modèle d'intervention transformateur de genre comprenant des conseils pédagogiques, des plans de classe et des stratégies de mobilisation des parents.
« Partout dans le monde, les jeunes hommes ont des attitudes moins équitables sur le plan du genre que la génération de leur père. Cela a des conséquences pour tout le monde », a souligné Cody Ragonese d'Equimundo: Center for Masculinities and Social Justice, en consortium avec l'UNESCO, et l'Université d'East Anglia (tous les liens en anglais), à propos de cette initiative. Le projet vise à créer un modèle évolutif, qui éduque les garçons à devenir des défenseurs de l'égalité des genres tout en élaborant du matériel numérique pour soutenir ces objectifs d'apprentissage.
Alors que la transformation numérique continue de remodeler l'éducation mondiale, les discussions tenues lors de la CIES 2025 reflètent un consensus croissant : les innovations pratiques doivent assurer l'équité et être fondées sur des données probantes, adaptées au contexte et élaborées au moyen d'un véritable partenariat avec les systèmes locaux. Les travaux des projets du GPE KIX illustrent cette approche, en démontrant la façon dont la recherche peut combler le fossé entre l'innovation éducative et le changement durable des systèmes dans divers contextes partout dans le monde.
À propos de la CIES 2025
La conférence 2025 de la Société d'éducation comparée et internationale (CIES [en anglais]), qui s'est tenue à Chicago du 22 au 26 mars, a réuni près de 3 000 spécialistes de l'éducation, personnes enseignantes, chercheuses et chercheurs et responsables de politiques du monde entier pour explorer les défis et les possibilités en matière de systèmes éducatifs partout dans le monde. Le thème de cette année, « Envisioning Education in a Digital Society » (Vision de l'éducation dans une société numérique), reflète les progrès technologiques rapides qui refaçonnent nos vies, notre travail et notre société, avec des répercussions significatives sur l'éducation. La conférence a exploré comment la croissance de la connectivité et l'utilisation généralisée des applications numériques entraînent des transformations numériques dans l'éducation.
