L’IIRCA de l’UNESCO, le Bureau régional de l’Afrique orientale et australe (BRAFO) de l’UNESCO et l’Institut panafricain de l’éducation au développement (IPED) de l’Union africaine, dans le cadre du Pôle Afrique 19 du programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) ont organisé un atelier national de renforcement des capacités de trois jours sur l’élaboration et la mise en œuvre de politiques relatives au personnel enseignant à Bishoftu, en Éthiopie, entre le 27 et le 30 mai 2024. Lors de cet atelier, 37 personnes issues de différentes parties prenantes du secteur de l’éducation éthiopien, notamment le ministère de l’Éducation, les établissements de formation du personnel enseignant, les syndicats du personnel enseignant et les représentantes et représentants de la commission de la fonction publique, ont participé.
Le gouvernement de l’Éthiopie s’est engagé à élaborer un programme de réforme plus large pour améliorer le secteur de l’éducation afin d’accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable de 2030. La stratégie est décrite dans le plan Ethiopia 2030 - Pathway to Prosperity outline in the Ten Year Perspective Development Plan (2021-2030) (en anglais seulement). Le gouvernement reconnaît que le succès des réformes de l’éducation en Éthiopie dépend de la qualité de l’enseignement et de la profession enseignante. Cependant, il est difficile d’attirer et de maintenir en poste des candidatures performantes en raison du statut social inférieur du personnel enseignant, de sa rémunération inadéquate, de ses mauvaises conditions de travail et du nombre important d’élèves dans les classes, entre autres.
Compte tenu de l’augmentation de la population étudiante, il est essentiel pour l’Éthiopie d’établir des voies d’accès de haute qualité pour des personnes diverses et engagées dans l’enseignement et de développer des politiques qui motivent, perfectionnent et gardent en poste le personnel enseignant efficace, comme le souligne le Pacte de partenariat entre l’Éthiopie et le GPE (en anglais seulement). Par conséquent, le ministère de l’Éducation a donné la priorité à la réforme du personnel enseignant et a sollicité l’assistance technique du Pôle Afrique 19 du KIX pour renforcer les capacités nationales du personnel du secteur de l’éducation en vue d’élaborer une politique globale et fondée sur des données probantes concernant le personnel enseignant.
La formation avait comme principal objectif de renforcer les capacités de l’équipe nationale de spécialistes en lui fournissant les informations et les connaissances pertinentes sur le processus d’élaboration et de mise en œuvre d’une politique globale et factuelle pour le personnel enseignant en Éthiopie. La formation visait également à renforcer les capacités du comité technique national sur les différentes dimensions politiques essentielles dans la conception des actions pour le personnel enseignant, incluant des stratégies efficaces axées sur le recrutement, le perfectionnement et le maintien en poste du personnel au sein du système éducatif éthiopien.
Crédit : Institut international pour le renforcement des capacités en Afrique (IIRCA) de l’UNESCO
Apprentissage et échange avec l’Ouganda et la Zambie sur l’élaboration et la mise en œuvre de la politique relative au personnel enseignant
Au cours de l’atelier, Ebby Mubanga, greffier du conseil d’enseignement de la Zambie et président adjoint de la Fédération africaine des agences de régulation de l’enseignement (AFTRA), a présenté le processus d’élaboration de la politique d’enseignement en Zambie. M. Mubanga a souligné des facteurs tels que l’importance de l’inclusion de toutes les parties prenantes et d’entreprendre une étude diagnostique complète pour déterminer les défis et les obstacles à la bonne mise en œuvre de la politique existante. Il a mis l’accent sur la qualité du personnel enseignant sous différents aspects, notamment en abordant la motivation du personnel en lien avec l’avancement professionnel et l’amélioration des salaires. Il a également mis l’accent sur la formation continue adaptée aux besoins évolutifs.
Lors de l’atelier, la professeure Betty Ezati, ancienne doyenne de l’école d’éducation de l’Université de Makerere et présidente de l’Institut national ougandais pour la formation des enseignants (UNITE), a fait part de ses connaissances sur le processus d’élaboration de la politique sur l’enseignement en Ouganda (en anglais seulement) et sur sa mise en œuvre. Elle a souligné l’importance cruciale d’une implication précoce et continue des parties prenantes, d’un processus d’approbation clair avec des inspections par des équipes techniques et politiques, et de la nécessité de mettre en place une agence chargée de diriger le processus de mise en œuvre.
La professeure Ezati a mis en évidence plusieurs éléments clés pour une mise en œuvre efficace des politiques : une approche globale couvrant tous les niveaux d’éducation; une attention particulière aux qualifications, à la formation, à la motivation et au leadership; et l’intégration de questions transversales telles que les technologies de l’information et de la communication (TIC), les besoins éducatifs spéciaux et l’égalité des genres. Elle a également souligné la nécessité d’une feuille de route claire pour la mise en œuvre d’une stratégie de communication efficace utilisant plusieurs canaux et la nécessité d’une équipe de mise en œuvre solide, bénéficiant de formation continue. Sa présentation a été complétée par M. Jonathan Kamwana, ancien commissaire chargé du perfectionnement, de l’éducation et de la formation du personnel enseignant, qui a parlé de l’importance des consultations politiques pour favoriser l’appropriation. La question importante des mesures clés prises pour la vulgarisation et la défense des politiques a également été abordée.
En outre, la professeure Ezati a souligné l’importance d’un financement garanti grâce à des partenariats; d’une diffusion et d’une mobilisation continues; et de la création de partenariats avec des parties prenantes telles que les syndicats du personnel enseignant et les parlementaires pour la défense des intérêts. Le suivi régulier des progrès par la rétroaction du personnel enseignant et l’adaptation des stratégies en fonction de cette rétroaction et de l’évolution des circonstances ont été jugés essentiels à la réussite de la mise en œuvre de la politique.
Les participantes et les participants de l’Éthiopie ont trouvé que les connaissances tirées des présentations sur la Zambie et l’Ouganda étaient très utiles pour orienter leurs propres efforts d’élaboration de politiques.
Aperçus d’autres cadres régionaux essentiels au renforcement de la profession enseignante
Enfin, des spécialistes en éducation de l’IIRCA de l’UNESCO ont fait part de leurs connaissances sur les différents cadres et lignes directrices disponibles pour améliorer la profession enseignante en Éthiopie. Les principaux cadres consultés sont les suivants : Cadre continental de normes et de compétences pour la profession d’enseignant (en anglais seulement), Cadre continental de qualification des enseignants (en anglais seulement), Lignes directrices continentales pour la profession enseignante (en anglais seulement) et Référentiel de compétences TIC de l’UNESCO pour les enseignants.
Conclusions
À la fin de l’atelier, les participantes et les participants éthiopiens ont consolidé leurs connaissances et se sont mis d’accord sur la nécessité de :
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développer et évaluer la politique : créer une politique solide pour le personnel enseignant en Éthiopie en mettant sur pied un groupe de travail représentatif et en menant une évaluation complète des besoins.
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tirer profit des expériences régionales : utiliser les leçons tirées de la Zambie et de l’Ouganda, en se concentrant sur la mobilisation des parties prenantes et sur des processus clairs pour guider l’élaboration des politiques.
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élaborer un cadre global : concevoir une politique multidimensionnelle qui englobe la qualité du personnel enseignant, l’intégration des TIC et l’éducation des personnes ayant des besoins particuliers, tout en assurant son financement par l’intermédiaire de partenariats et en garantissant un suivi et une adaptation continus.
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mobiliser et collaborer : impliquer activement les parties prenantes dans le processus de formulation des politiques, en garantissant l’inclusion et la collaboration dans l’ensemble de l’Afrique pour relever les défis de l’éducation.
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tirer profit de la technologie et de l’échange : utiliser la technologie pour entrer en contact avec le personnel enseignant et bénéficier des expériences d’autres pays afin d’améliorer le système éducatif de l’Éthiopie.
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établir des structures de soutien : former un groupe de travail sur la mise en œuvre de la politique, effectuer des évaluations diagnostiques et se concentrer sur la responsabilité du personnel enseignant et le rôle de la Commission des services aux enseignants pour améliorer la qualité de l’éducation.