Événement majeur -Les biens publics mondiaux et l’initiative Partage de connaissances et d’innovations : opportunités et défis

19 novembre 2021
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Source: KIX EAP Hub

Le 16 septembre 2021, le Pôle Europe, Asie et Pacifique (EAP) du programme Partage de connaissances et d’innovations (KIX) du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) a participé au symposium du Forum sur l’éducation et le développement (UKFIET) intitulé « Les biens publics mondiaux et l’initiative Partage de connaissances et d’innovations : possibilités et défis de la production et de l’utilisation des connaissances au niveau national ».

Le symposium de 90 minutes a commencé par une introduction de la présidente de l’événement, Tricia Wind, dirigeante du KIX, CRDI, suivie de la vidéo de présentation du Pôle EAP du KIX et de trois blocs structurés de discussions. Les panélistes étaient les suivants :

  • Chinargul Dzhumagulova, responsable du développement de la petite enfance, Fonds des Nations Unies pour l’enfance du Kirghizistan et membre du comité directeur national du KIX pour le Kirghizistan
  • Dochu Dochu, agent de planification en chef au ministère de l’Éducation du Bhoutan et coordinateur national du KIX pour le Bhoutan
  • Gita Steiner-Khamsi, directrice de NORRAG et du Pôle EAP du KIX
  • Ian McPherson, dirigeant du KIX du GPE
  • Margarita Lopez, spécialiste de programme principal, KIX, CRDI
  • Nargiza Kuchkarova, directrice du Département de la formation des enseignants au Cabinet des ministères de la République d’Ouzbékistan et coordinatrice nationale du KIX pour l’Ouzbékistan

Tricia Wind a souligné que si les biens publics mondiaux en matière d’éducation, tels que les bases de données internationales, les rapports, les études, les boîtes à outils, les manuels de formation et les pratiques exemplaires, sont largement disponibles, leur utilisation par les pays est quelque peu limitée. Ainsi, les trois cycles de discussion ont porté sur les questions suivantes : premièrement, pourquoi l’utilisation des biens publics mondiaux est-elle quelque peu limitée et comment pouvons-nous améliorer leur utilisation dans la pratique et dans les politiques d’éducation publique? Deuxièmement, quelles sont les expériences des pays en matière de mise à l’échelle des innovations au niveau national? Enfin, quels types de plateformes sont efficaces pour les « transferts Sud-Sud » de connaissances? Chaque série de questions a été suivie d’une discussion animée entre les panélistes et les participants.

Excédent de biens mondiaux et retard dans l’acceptation nationale

En lien avec le premier thème de l’utilisation limitée des biens publics mondiaux par les pays, Gita Steiner-Khamsi a proposé trois idées clés concernant l’utilisation des bases de données. Selon elle, il existe un fossé et un déséquilibre entre les producteurs et les consommateurs de données, et il est absolument nécessaire de faire participer davantage d’utilisateurs de données au processus de production de connaissances afin de garantir la sensibilité au contexte et de voir aux aspects pratiques. En outre, les bailleurs de fonds internationaux ont tendance à se concentrer sur leurs besoins en matière d’évaluation comparative plutôt que sur la planification réelle et l’analyse des politiques. Enfin, au lieu de « faire émerger » les connaissances et l’expertise au niveau local, les consultants internationaux négligent souvent ce qui est déjà sur le terrain. Par conséquent, l’importance de la « construction du sens » et de l’approche participative est très pertinente lorsque l’on travaille en collaboration avec les responsables des bases de données. En complément, Ian Macpherson propose deux réflexions sur la manière d’améliorer l’utilisation des biens publics mondiaux dans la pratique et dans les politiques relatives à l’éducation publique. Premièrement, l’offre de biens publics mondiaux doit correspondre aux demandes au niveau national et, deuxièmement, elle doit s’accompagner d’une mobilisation significative des décideurs politiques nationaux eux-mêmes. Cette inclusion contribuera grandement à résoudre les problèmes de contenu, de format et de conservation.

Selon M. Dochu, au Bhoutan, les biens publics mondiaux ne sont pas pleinement utilisés en raison de l’écart entre les connaissances techniques disponibles sur papier et celles nécessaires à leur mise en œuvre. Chinargul Dzhumagulova a expliqué que les bailleurs de fonds internationaux ont tendance à investir dans la formation en cours d’emploi parce qu’ils s’efforcent d’obtenir des résultats plus rapides, tandis que les initiatives gouvernementales ont tendance à se concentrer sur la formation initiale parce qu’elles recherchent des solutions durables et à long terme. Nargiza Kuchkarova a mis en évidence les défis associés au transfert d’expériences internationales réussies dans un contexte local et déclaré ceci :

 « Avant d’apporter l’expérience internationale, il est très important de faire des recherches et des études de base qui devraient refléter ce qui est exactement nécessaire dans un pays en particulier et dans quel but précis. » – Nargiza Kuchkarova, coordinatrice nationale du KIX, Ouzbékistan

Mise à l’échelle d’innovations : défis et possibilités

En ce qui concerne la raison pour laquelle de nombreux projets financés par des sources extérieures finissent au stade de l’essai pilote et ne génèrent pas d’impact au niveau national, Gita Steiner-Khamsi a souligné que, dans de nombreux cas, il est non seulement coûteux d’étendre les projets au niveau national, mais aussi difficile pour les équipes nationales de satisfaire aux normes de qualité internationales. En dépit des difficultés, il existe également des exemples positifs de projets financés par des sources extérieures qui ont ensuite été mis à l’échelle au niveau national. Nargiza Kuchkarova a fait part de son expérience du cycle d’apprentissage du Pôle EAP du KIX intitulé « Étude sur la faisabilité de la mise à l’échelle de l’innovation » et dans lequel une des équipes d’experts ousbeks a analysé « EduMarket », une plateforme d’apprentissage numérique pour les écoles primaires et secondaires inférieures qui vise à développer, entre autres, les compétences en matière de raisonnement logique, d’informatique et de pensée critique. Le succès de l’étude est reflété par l’intérêt du Ministère à adopter et à étendre le projet aux niveaux secondaire et secondaire supérieur. Chinargul a fait part d’un autre récit de réussite au Kirghizstan, où des programmes de préparation à l’école maternelle ont été élaborés par des experts nationaux, avec le soutien du GPE et de l’UNICEF, afin d’offrir une égalité d’accès et de chances aux enfants qui n’ont pas eu l’occasion de fréquenter une école maternelle ou des centres alternatifs de développement de la petite enfance. Le projet a été étendu à l’échelle nationale et continue de fonctionner à ce jour.

Production et diffusion de connaissances au niveau national et échange entre pairs au sein d’une région

Enfin, en ce qui concerne le type de plateformes qui pourraient être utiles pour le « transfert Sud-Sud » ou le « transfert Est-Est », M. Dochu a fait part de son expérience dans le cadre du cycle d’apprentissage KIX EAP récemment conclu avec l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO sur l’Accès équitable à l’éducation grâce aux données géospatiales ». Selon lui, les connaissances acquises dans le cadre de ce cours seront utiles à la planification de l’éducation au micro-niveau et à la cartographie scolaire du Bhoutan. En outre, une autre équipe du Bhoutan a participé au cycle d’apprentissage du Pôle EAP du KIX mis en œuvre avec le Conseil australien de recherche pédagogique (ACER) sur le thème « Intégration des compétences du XXIe siècle dans les programmes scolaires », et elle élabore actuellement la feuille de route du Bhoutan en matière d’éducation pour l’après-COVID et examine les compétences du XXIe siècle dans les programmes scolaires du pays ainsi que l’évaluation de ces programmes. Selon Ian Macpherson, les échanges pédagogiques immersifs, comme les cycles d’apprentissage du Pôle EAP du KIX, servent de plateforme efficace pour les échanges de connaissances entre pays. Dans le même ordre d’idées, Margarita Lopez a souligné que l’échange et la diffusion des connaissances sont dans « l’ADN du KIX », puisque le KIX soutient les quatre pôles régionaux ainsi que les financements à l’échelle mondiale et régionale dans les pays partenaires du GPE. Un bon exemple à cet égard est la consolidation d’une communauté de pratique par le financement mondial de l’initiative du KIX pour un meilleur apprentissage de la petite enfance à grande échelle (BELDS), qui est mise en œuvre par l’UNICEF. Selon Margarita, cette communauté de pratique a été essentielle pour faire connaître les discussions et les solutions concernant les défis les plus courants, afin de faire progresser l’intégration de l’éducation de la petite enfance dans la planification de l’éducation.

 La table ronde sur les biens publics mondiaux et l’initiative du KIX a mis en lumière les expériences de première main des représentants des pays et des experts travaillant dans le domaine de l’éducation. Elle a mis en évidence les possibilités et les défis actuels de la production et de l’utilisation des connaissances au niveau national. Au cours de la discussion entre experts, des questions ont été soulevées pour savoir si la formation initiale est suffisamment prise en compte lors des discussions entre le ministère et les sections de planification lorsqu’il s’agit de l’approche globale en matière de perfectionnement des enseignants. Dans le contexte du Kirghizstan, Chinargul a fait remarquer que les bailleurs de fonds internationaux ne s’intéressent pas au niveau de la formation initiale, car les projets sont limités dans le temps, et les bailleurs de fonds veulent des résultats plus rapides et finissent donc par investir dans la formation en cours d’emploi. Des participants ont également demandé pourquoi il fallait faire une mise à l’échelle. Quelles sont les complexités de la mise à l’échelle et pourquoi devons-nous parler de mise à l’échelle au lieu de travailler au niveau du système? En réponse à cette question, Margarita a expliqué que l’objectif du KIX est d’apporter l’innovation à une échelle optimale. Elle a déclaré ceci :

« [par la mise à l’échelle] Il ne s’agit pas d’élargir l’impact du projet... Il s’agit de trouver, de définir les meilleurs projets, les projets adaptables à différents contextes ou sujets. Développer des sujets précis à différents niveaux... nous travaillons vraiment sur l’adaptation, l’adaptabilité et la contextualisation afin d’avoir un impact optimal. » - Margarita Lopez, spécialiste de programme principal, KIX, CRDI